Niépce correspondance et papiers

1056 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Mais un tableau aussi compliqué a besoin de ma presen[c]e non seulement pour veiller a ce que tous les effets soient toujour bien [exécutés] 1 , mais ausi pour repondre à toutes les demandes qui me sont adressés continuellement. Voilà comme vous l’avez pensé le motif qui mà empeché de m’absenter, d’un autre coté bien quil nous faut faire des epreuves, il faut [viser] a une perfection et surtout à plus de promptitude, et pour cela jai pensé que chez vous il me serait difficile de me procurer ce que je pourrais avoir besoin. Je sens comme vous mon cher ami quil est necessaire de terminer notre affaire et que nous ne pouvons pas differer plus tard que la fin de l’année prochaine aussi depuis un mois je travaille beaucoup du moins autant que la saison me le permet a de nouvelle[s] expe- rience[s]. Il est bien fàcheux que nous ayons l’aissé passér un eté aussi favorable que celui qui vient de sécouler sans le mettre a profit de mon côté il m’a eté de toute impossibilité car depuis 6 heures // du matin jusqua 6 du soir je travaillai[s] a mon tableau, mais vous il me paroit que vous n’avez rien fait non plus je devrais vous gronder, car vous le savez il nous faut un assez grand nombre d’epreuves perfectionnés avant de pouvoir mettre au jour cette affaire. Je crain[s] mon cher ami, que vous vous abusiez sur le resultat [dans] l’etat ou nous en somme il faut convenir que la reproduction est encore bien limité puisquil ( faut ) toujours trois ou quatre heures 2 . Il n’en serait pas de meme si nous avions une plus grande prompti- tude le succes ne serait pas douteux mais je ne suis pas sans espoir, d’abord j’ai trouvé un nouveau moyen de poser la couche tres egalement et toujours sur de reussir, n’importe la grandeur l[es] planche aurait elle 6 pieds, car avec celui que nous avions p[...] 3 il y a impos- sibilité a mettre une couche egale d’epesseur et qu’il n’y ai pas toujour quelques taches 4 . Je ne vous indique pas pour le moment ce procedé parce quil a besoin d’etre etudié et quil me serait assez difficile de vous le bien expliquer, et qu’en suite il faut absolument changer la matiere premiere, dans ce cas vous devez penser quil faut des epeuves de com- paraison ce que je n’ai encore pu faire. Voila mon cher Isidor comme je pense qu’il nous faut // employer l’année prochaine, je dois faire un seul tableau pour le Diorama dan l’année, je dois le commencer dans le mois de fevrier, il pourra etre fini le quinze juin au plus tard 5 et je pourrais disposer du reste de l’annee, mais non pas pour aller chez vous 6 , car ma presen[s]e sera egalement 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. Illisible. Nous empruntons ce mot à la transcription russe. 2. On trouve dans les deux dernières phrases un condensé de la future relation entre Isidore et Daguerre. Ce dernier regrette le manque d’activité de son jeune associé qui, de son côté, espère une exploitation pro- chaine des procédés. Nous comprendrons dans la suite de la correspondance qu’Isidore a fait part à Daguerre de ses difficultés financières (v. 575n) et de son espoir de les résoudre par la commercialisation des procédés. Daguerre saura jouer des faiblesses d’Isidore pour l’amener à ses fins. 3. Mot biffé illisible. 4. Les améliorations que mentionne Daguerre sont toujours liées à la possibilité d’étendre la couche sur de grandes surfaces. Le 1 er avril 1835, il écrira : « l’avantage existe dans l’application de la couche qui au moins est egale et peut se faire de toute dimension » (v. 574). Nous verrons apparaître en août (v. 576) l’utilisation d’un réchaud et d’une boîte dont Daguerre dira à Isidore : « en supposant que vous ne puissiez pas obtenir de couche mate dans la boîte, moyen que j’avais trouvé pour obtenir des grandes epreuves » (v. 578). Enfin lorsqu’Isidore échouera à maintes reprises pour obtenir la couche mate, Daguerre lui indiquera « quil s’in- troduisait trop de chaleur dans la boîte » (v. 579). 5. Eboulement de la vallée de Goldau en Suisse le 2 septembre 1806, sera exposé à partir du 20 septembre 1835. Dès le mois d’avril 1835, Isidore et Eugénie seront apparemment les premiers à connaître le sujet de cette nouvelle œuvre de Daguerre (v. 574). 6. Depuis la mort de Nicéphore, Daguerre avait déjà repoussé plusieurs fois sa venue en Bourgogne (v. 562, 564).

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==