Niépce correspondance et papiers

1068 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Jacques Mandé Daguèrre, le quatorze décembre mil huit cents vingt neuf, à Châlon-sur- Saône. Acte additionnel. Entre les soussignés Louis Jacques Mandé Daguèrre, artiste peintre, membre de la Légion d’Honneur, administrateur du Diorama, demeurant à Paris ; et Jacques Marie Joseph Isidore Niépce, propriétaire demeurant à Châlons s. Saône, fils de M r . feu Nicéphore Niépce, en sa qualité de seul héritier, conformément à l’article 2. du traité provisoire, en date du 14. X bre . 1829 — il a été arrêté ce qui suit, savoir : 1°. Que la découverte dont il s’agit 1 ayant éprouvé de grands perfectionnemens par la col- laboration de M r . Daguerre, les dits associés reconnaissent qu’elle est parvenue au point où ils désiraient atteindre, et que d’autres perfectionnemens deviennent à peu près impossibles. 2°. Que M r . Daguèrre ayant à la suite de nombreuses expériences, reconnu la possi- bilité d’obtenir un résultat plus avantageux, sous le rapport de la promptitude, à l’aide d’un procédé qu’il a découvert, et qui, (dans la supposition d’un succès assuré) remplacerait la base de la // découverte exposée dans le traité provisoire, en date du 14. X bre . 1829 : l’ar- ticle premier du dit traité provisoire, serait annullé, et remplacé ainsi qu’il suit : Art. 1 r . Il y aura entre MM rs . Daguèrre et Isidore Niépce, société sous la raison de com- merce Daguèrre et Isidore Niépce, pour l’exploitation de la découverte inventée par Daguèrre et feu Nicéphore Niépce. Tous les autres articles du traité provisoire, sont et demeurent conservés. Fait et passé double entre les soussignés, le neuf mai mil huit cents trente cinq 2 . à Paris 3 . J’approuve quoique non écrit de ma main. I re . Niépce Daguerre 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1 . Ne pas oublier qu’en 1832, fort des « grands perfectionnements » qui avaient métamorphosé l’héliographie en physautotype, Daguerre parlait de « notre découverte » ! En confondant les deux procédés en un tout à peu près impossible à perfectionner, Daguerre montre clairement son intention de séparer les deux procé- dés mis au point avant la mort de Niépce, du daguerréotype, distinct « de la découverte exposée dans le traité provisoire ». 2 . En outre, Isidore contresigna le traité provisoire de 1829, après y avoir ajouté: « Je soussigné, en ma qualité de seul et unique héritier de mon père, déclare avoir pris parfaite connaissance du présent traité, et m’engage à en remplir scrupuleusement toutes les clauses sous peines de dommages et intérêts ainsi qu’il est stipulé dans l’article 6 [...] » (v. 512). Six ans plus tard, il prétendra se justifier en écrivant: « Après une vive discussion, moti- vée sur mon refus d’acquiescer à l’exigence de M. Daguerre, et après lui avoir objecté les clauses du traité pri- mitif qui spécifient que la raison sociale sera Niépce-Daguerre , et que, en cas de décès de l’un des deux asso- ciés, la découverte ne pourrait jamais être publiée que sous les deux noms ci-dessus, je finis par consentir à ce que le nom de Daguerre figurât le premier dans la raison de commerce! Il doit se rappeler quelle fut ma conduite dans cette circonstance! Je fis tous mes efforts pour m’opposer à cette orgueilleuse prétention; en vain je lui fis sentir sonmanque de loyauté,et l’affront qu’il faisait à la mémoire de mon père!...Il fut inflexible!... Les travaux continuels de M.Niépce et de mon oncle [...] avaient absorbé une grande partie de la fortune dont je venais d’hériter! il était naturel que dans l’intérêt de mes enfans je désirasse ardemment la solution d’une découverte sur laquelle mon père fondait lui-même l’espoir d’un meilleur avenir. J’avais plusieurs fois entre- tenu M. Daguerre de mes embarras et de mes espérances; il connaissait ma position: aussi, dès ce moment, il conçut l’odieux projet de la faire tourner à son avantage, en m’imposant de nouvelles obligations.Ainsi, il pos- sédait mon secret, il savait qu’il tenait en ses mains le mobile puissant qui pouvait seul me déterminer à de grands sacrifices! il insista plus opiniâtrement, et je signai!... Mais en signant d’une main tremblante, je pro- testai contre cet acte attentatoire aux droits de mon père ! » (I.N. p. 49). 3 . Contrairement à ce qu’il lui avait dit (v. 574), Daguerre ne mit pas Isidore au courant de ses « nouveaux

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