Niépce correspondance et papiers

1070 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 576 Lettre (A.S.R.) 1 Paris, 4 août 1835. Daguerre à Isidore. Paris le 4 août 1835. Mon cher Isidore Ne pensez pas que je mets de la negligence. Je ne vous ai pas repondu de suite parce que jai bien pensé que vous ne tarderiez pas a trouver le vice qui vous empeche d’obtenir une couche mate, je ne vois que trois choses d’abord trop de chaleur car jai obtenu le meme resultat sur de la cendre chaude, et en cette saison c’est peut etre ce qu’il y a de plus conve- nable, ou bien votre substance n’est pas assez calcinée, jai oublié de vous dire que je pen- sais quil serait necessaire de calciner plus fortement pour l’été que l’hiver, ou bien encore vous n’en versez pas une assez grande quantité car il est des plus urgent que l’evaporation se fasse d’une maniere spontanée, afin de pouvoir retirer le réchaud le plus promptem pos- sible, autrement il faut quil y ait un vice dans la construction de votre boïte 2 . Ce qui est cause aussi que je ne vous ai pas répondu // cest que je suis convincu plus que jamais que nous abandonnerons ce procedé 3 pour le nouveau 4 . Jai eu cependant bien peu de tems pour y travailler, mais jai obtenu la chose princi- pale cest a dire de rétablir les clairs dans leurs veritable nature 5 et d’arreter le tout dune maniere durable. Il ne sagit plus presentement que d’un certain lavage dont je vous ai parlé 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 moyens » : « Je quittai M. Daguerre peu de jours après, et je revins chez moi. Il ne m’avait rien dit de ses tra- vaux ; il ne m’avait entretenu que de ses espérances [...]» (I.N. p. 51). La correspondance que Daguerre adres- sera ultérieurement à Isidore, le prouve. 1 . Publ. in U (doc. 141). 2 . Couche mate, substance calcinée, quantité de liquide versé, évaporation spontanée : Isidore tente vaine- ment de réaliser des physautotypes. Nous voyons apparaître ici d’une part un réchaud procurant la chaleur qui, suivant son intensité, mène au succès ou à l’échec et d’autre part une boîte construite spécialement. Selon nous, le réchaud était destiné à chauffer la plaque sur laquelle était versée la solution de résidu afin que l’évaporation de l’éther ou de l’alcool ait lieu rapidement ; ce qui devait donner une couche mate uni- forme. Dès que cette dernière était formée, il était nécessaire de retirer le réchaud ; faute de quoi la couche risquait de devenir transparente et non blanche.L’ensemble de cette opération d’évaporation avec réchaud devait avoir lieu dans une boîte spéciale. Répétons une nouvelle fois que ces aménagements dans la tech- nique du procédé seront ensuite abandonnés. 3 . Le physautotype. 4 . Le daguerréotype. 5 . C’est la première fois que Daguerre annonce avoir obtenu des images positives dans ses expériences avec les plaques d’argent iodé. Il s’agit de la découverte d’une technique permettant d’inverser le négatif en positif et probablement de l’emploi des vapeurs de mercure. Daguerre avait toutefois trouvé trois méthodes pour obtenir cette inversion. A ce sujet, il écrira en 1839, dans une lettre à Arago (C.R.H.S.A.S. 1839, t. 9, p. 423) : « Je n’ai découvert l’application du mercure qu’en 1835 […]. A cette époque je ne savais pas que l’image existe sur l’iode avant d’être apparente, et j’attendais qu’elle se fût manifestée par la colo- ration de l’iode. […] Une expérience faite sur une plaque sortant de la chambre noire et sur laquelle l’image était devenue apparente par la coloration de l’iode par la lumière, m’avait démontré que le gaz carbonique, en contact avec la plaque légèrement mouillée, avait produit, par sa combinaison avec les parties de l’iode frappées par la lumière, un composé très blanc et avait ainsi remis les clairs et les ombres dans leur état naturel ; mais la dégradation des teintes était imparfaite. J’avais remarqué qu’en mettant dans une capsule du chlorate de potasse, et qu’en chauffant avec une lampe dans un appareil à peu près semblable à celui qu’on emploie aujourd’hui pour le mercure, l’image produite, comme il est dit ci-dessus, par la coloration de l’iode par la lumière, apparaissait en clair, absolument comme l’engendre aujourd’hui la vapeur mercu- rielle ». En ce mois d’août 1835, il se peut que Daguerre fasse allusion à l’une de ces deux méthodes per- mettant d’inverser l’image négative obtenue par noircissement direct dans la chambre noire. Les images ne sont pas encore fixées ainsi que l’indique la phrase suivante.

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