Niépce correspondance et papiers
1072 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 578 Lettre (A.S.R.) 1 Paris, 5 octobre 1835. Daguerre à Isidore. 5. 8 bre 1835. Mon cher Isidore Je suis excessivement peiné de tout ce qui vous arrive 2 et d’autant plus que vous comptez peut etre un peu trop sur notre affaire, car je vois de grandes difficultés pour la mettre au jour, à moins que nous trouvions une personne qui veuille bien l’acheter et qui se chargerait de l’exploiter et dans courrir les chances. Vous savez que j’avais pensé que nous pourrions nous en défaire par actions, mais toutes les personnes a qui j’en ai parlé m’ont fait des objections qui me paraissent bien fondées elles disent qu’il y aurait des per- sonnes qui sempresseraient de souscrire dans l’intention d’en faire ensuite une speculation à un prix bien inferieur et que six mois après on apprenderait pour 50 francs et peut etre moins ce qu’on aurait payé 1000 f., avec cette pensée elles ne souscriraient pas parce qu’elles diraient que cela ne peut pas etre conservé secret avec le nombre qu’il faudrai[n]t emettre 3 . D’un autre côté il se presente bien des difficultés pour l’execution des epreuves je juge cela d’après vous car voyez par l’ancien procedé vous qui avez opéré, vous ne pouvez plus rien obtenir du moins je le pense puisque vous ne m’en dite rien et que je vous avais prié de faire quelques epreuves sur verre, en supposant que vous ne puissiez pas obtenir de couche mat dans la boîte, moyen que j’avais trouvé pour obtenir des grandes epreuves 4 , vous n’avez rien fait non plus par nos dissolutions dans l’alcool et cependant vous aviez obtenu des epreuves 5 cela m’inquete d’autant plus que mon nouveau procédé est bien plus difficile moi même je ne suis pas toujours certain de reussir a cause de la grande prompti- tude, il le deviendrait encore plus si je parvenais a faire le portrait mais alors je ne songe- rais plus a le vendre il faudrait l’exploiter nous mêmes 6 Ce que je vous ecris mon cher Isidore est peu tranquillisant pourtant je vous dirai que le succès de mon nouveau tableau 7 me permet de laisser mon exposition telle qu’elle est jusqu’au mois d’aout prochain, que d’ici là je vais m’occuper sans relâche de notre affaire et il faut espérer que dans cet espace de temps nous en aurons tiré le parti le plus convenable. Quand a moi d’après tout ce qui m’a été dit par des personnes que j’ai // consulté, sans pour cela leur faire voir aucun résultat, si j’ettais libre je ne le metterais au jour quand 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 même fait des tentatives vers 1827-1828 pour en obtenir avec du chlorure d’argent.Il décrit alors de manière très précise les difficultés rencontrées, liées à la longueur du temps de pose et à l’instabilité des épreuves. Daguerre ne répliqua pas. Nul doute qu’Hubert avait bien travaillé à l’invention de la photographie et qu’il pouvait être un concurrent sérieux. Sans que l’on sache comment, les deux hommes entreront en relation puisqu’en 1839 Hubert se retrouvera assistant technique de Daguerre! Comme il le fit avec Niépce, Daguerre préféra s’associer avec ce rival plutôt que de devoir entrer en compétition avec lui. 1 . Publ. in U (doc. 142). 2 . Sans aucun doute Isidore avait-il fait part de ses difficultés financières. 3 . Jusqu’en 1839, l’exploitation de l’invention posera de nombreux problèmes aux associés et fera, entre eux, l’objet d’âpres discussions. 4 .V. 569n, 574, 576, 578. 5 . Il s’agit de la méthode mise au point du vivant de Nicéphore Niépce où la solution de résidu dans l’alcool est versée sur la plaque et laissée simplement à évaporer sans utiliser le réchaud dans la boîte. 6 . Première évocation connue du portrait photographique (v. 484n). 7 . Eboulement de la vallée de Goldau… était présenté au public depuis quinze jours.
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