Niépce correspondance et papiers

1086 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 585 Lettre (A.S.R.) 1 Paris, 28 février 1837. Daguerre à Isidore. DIORAMA Paris, le 28 2 fevrier 183 7. Le Directeur à M Mon cher Isidore D’aprés votre desir je me suis decidé a faire faire une lithographie de mon portrait, parce que plusieurs amis me font une demande semblable, comme je tiens a ce qu’elle soit bien faite j’en ai chargé M r Grévedon un de nos premiers lithographes en ce genre il devait le com- mencer le 20 janvier, mais il en a été empêché par la grippe et ensuite par des portraits qu’il avait a finir enfin il ne l’est pas encore, et je suis toujours en l’attendant, mais aussitot qu’il sera fait vous pouvez compter mon cher ami que je vous en enverrai une belle épreuve. Comme je vous lai ecrit je m’occupe exclusivement de notre affaire, le tems a été jus- qu’a present bien défavorable, mais cependant j’ai pu faire quelques essais qui m’ont convaincu que ce qui avait détruit mes épreuves venait de deux oppérations qui n’étaient pas faites dans les conditions convenables. Je suis présentement à peu près arrêté sur tous les points de l’execution seulement il m’est encore impossible d’affirmer le degré de // promptitude n’ayant jamais opperé avec ce procédé, dans la saison favorable, les epreuves que jai obtenues dernièrement n’ont pas dépassées 7 a 10 minutes, et je suis bien certain que d’en 7 ou 10 heures de tems je n’aurais obtenu q’une bien faible image par l’autre pro- cedé, ce qui me confirme que la promptitude exede 60 fois. Mais malgré tout cela mon cher ami j’étais bien loin de penser quand jai commencé ce travail que la plus grande difficulté serait de s’en defaire d’une maniere avantageuse, il ne faut pas s’abuser bien que j’aie trouvé le moyen de faire disparaitre la substance premiere, et qu’il n’en reste aucune trace le composé qui reste sur la planche et qui forme l’image 3 , sera facile a analiser et je ne doute pas qu’un bon chimiste qui aurait une épreuve dans les mains ne découvre le moyen en quelques mois, ce qui retire encore la possibilité de vendre des epreuves ; du reste cette spéculation serait très mauvaise je n’y ai jamais songé. Vous voyez mon cher Isidore, qu’il est indispensable que nous causions de cela ensemble, il serait inutile de faire les frais d’une quantité d’épreuves, d’autant plus qu il est absolument nécessaire de les mettre sous verre a mesure qu’on les termine. // Ainsi arrangez vous mon cher ami pour venir vers le mois [...] 4 de mai 5 afin que nous 1833 1839 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. Publ. in U (doc. 146). 2. Par erreur, la nomenclature de P.G. Harmant mentionne 24 (P.G.H.2 p. 189). 3. C’est ici la première affirmation de la découverte d’un moyen pour fixer l’image. Dans un premier temps Daguerre indiquera l’immersion de la plaque dans une solution saturée de sel marin. Plus tard, il aura recours à une solution d’hyposulfite. Il s’agit probablement ici de sel marin, qui agit davantage comme un stabilisateur que comme fixateur de l’image. En effet, le sel de mer n’élimine pas de la plaque l’iodure d’ar- gent non impressionné, il le rend simplement insensible à la lumière par saturation de sa surface avec les ions chorure (Cl - ) ou iodure (I - ). 4. Mot biffé illisible. 5. Nous l’avons dit, Isidore ne s’était vraisemblablement pas rendu à Paris depuis mai 1835 (v. 582n). Direction, rue des Marais, Maison du Diorama.

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