Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 109 Les vues particulières qui ont fait entreprendre l’expedition de Sardaigne ne me sont pas connues. Je ne connais pas plus les personnes qui en ont dressé le plan et arreté les dispositions 1 , j’ai seulement été chargé en partie de l’execution. Personne n’ignore le mau- vais succès qu’a eu cette entreprise Quoique je n’aye été nullement recherché sur ce point, je fus bien aise dans le tems de prouver à la France qu’on ne pouvait sous aucun rapport me l’imputer ; je détaillé ma conduitte dans une relation adressée au ministre de la Guerre 2 le 22 e f er 1793. (v.s.) signée de moi imprimée et repandue dans le public 3 : elle n’a point été contreditte, meme par ceux que mon recit chargeait le plus, parce que les veri- tés que j’y debitai n’étaient pas de trempe à l’etre Cette relation ne contenoit que des faits averés dont il existe encore beaucoup de temoins occulaires ; que des details qui ne sont ni chargés ni tronqués point outrés peu de réflexions, quoique le sujet en amenât beau- coup, parce que je pense qu’en pareil cas, le public aime mieux en faire que d’en lire. Je la crois donc tres propre par son exacte simplicité à donner une idée nette et precise de l’ex- pedition de Sardaigne ; et a tres peu de chose près, je ne ferai dans tout ce narré que copier cette relation. // Je reçus l’ordre du général Brunet 4 pour lors commandant en chef l’armée d’Italie 5 , de prendre le commandement des troupes de terre destinées à l’expédition de Sardaigne, je m’embarquai à Ajaccio le 25. janvier 1793. (v.s.) sur des bâtimens de transport avec les volontaires nationaux venus du continent de nombre desquels etaient deux bataillons de Marseille ( connus ) pour lors sous la denomination de phalange marseillaise En six jours, je me trouvai à la vue de Cagliari 6 , je fus joint à cette hauteur par le contre amiral Truguet 7 1. « La campagne de Sardaigne avait été décidée par le Conseil exécutif provisoire, dans la séance du 19 sep- tembre 1792, afin de “favoriser les dispositions des habitants de cette île à se rendre indépendants”. Paoli, qui commandait alors la 13 e région militaire de Corse, fut engagé à “réunir tous les moyens qui pouvaient être à sa disposition pour l’exécution de l’entreprise projetée”(AUL. t. I, note E.P., p. 58). Quelques semaines plus tard, le général d’Anselme, qui venait d’occuper le comté de Nice, et le contre-amiral Truguet, com- mandant en chef l’armée navale de la Méditerranée depuis le mois d’août précédent (ib. p. 7), furent invi- tés à se concerter pour organiser une descente en Sardaigne (ib. p. 123). La concentration des bâtiments engagés se termina fin 1792. L’escadre se partagea en deux divisions, l’une sous les ordres de Latouche- Tréville, promu contre-amiral, se dirigea vers Naples afin d’effrayer son gouvernement peu favorable à la République, l’autre, sous les ordres de Truguet, gagna la Corse pour y prendre des troupes de débarque- ment. Ces divisions devaient se réunir sous Cagliari » (E.P.). Quant à la préparation de l’expédition, « tra- versée par une foule d’intrigues », voici ce qu’en dit Henry d’Estré : « Truguet, franchement rallié au nou- veau régime, en reçut le commandement, avec, en sous ordre, le lieutenant général Paoli, désigné pour le commandement des troupes. Ces décisions étaient fâcheuses. La marine française, aux cadres ravagés par l’émigration, aux équipages en proie à l’indiscipline, aux états-majors recrutés de bric et de broc, tombait en déliquescence. Truguet aurait eu certes assez à faire pour maintenir l’ordre sur ses vaisseaux et les mener à pied d’œuvre. Lui mettre sur les bras encore un autre commandement était folie. Quant à Paoli, il était suspect, comme on le sait, et venait d’être dénoncé comme tel. Dénonciation suivie d’effet, car on le remplaça par le général d’Anselme, affront qu’il eût été facile de lui éviter. Corse, il garda le souvenir amer de cette insulte. Déjà hostile à l’idée d’une expédition en Sardaigne, il s’en montra dès lors l’adversaire résolu et sournois » (H.E.). 2. Pierre Riel de Beurnonville (1752-1821). 3. P.G. Harmant, qui a entrepris d’importantes recherches sur cette période de la vie de Nicéphore, a cité cette lettre (H.P. janv. 1980). 4. Gaspard Jean-Baptiste de Brunet (1734-1793). 5. V. App. XI. 6. Cagliari est située au bord du golfe qui porte son nom, au sud de l’île. 7. L’amiral Truguet (1752-1839). 82 1792 1795792795

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