Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1105 dirais qu’ils tiennent de la gravure au burin et de la gravure à la manière noire ; bien plus de cette dernière. Quant à la vérité, ils sont au dessus de tout. Je n’ai parlé que de la découverte sous le point de vue de l’art dans ce court exposé. Si ce qui m’est revenu est exact, les résultats de M. Daguerre ne tendraient à rien moins qu’à provoquer une théorie nouvelle sur un point important de la science. M. Daguerre avoue généreusement que la première idée de cette invention lui avait été fournie, il y a quinze ans, par M. Nieps, de Châlons-sur-Saône ; mais dans un tel état d’imperfection, qu’il lui a fallu un long et opiniâtre travail pour arriver au but qu’il a atteint ! H. Gaucheraud 1 597 Communications 2 Paris, 7 janvier 1839. Académie des Sciences. Exposés d’Arago et Biot sur le daguerréotype. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Fixation des images qui se forment au foyer d’une chambre obscure. M. Arago prend la parole pour donner verbalement à l’Académie une idée générale de la belle découverte que M. Daguerre a faite, et sur laquelle la majeure partie du public n’a eu jusqu’ici que des notions erronées. Tout le monde, dit M. Arago, connait l’appareil d’optique appelé chambre obscure ou chambre noire, et dont l’invention appartient à J.-B. Porta ; tout le monde a remarqué avec quelle netteté, avec quelle vérité de formes, de couleur et de ton, les objets extérieurs vont se reproduire sur l’écran placé au foyer de la large lentille qui constitue la partie essentielle de cet instrument ; tout le monde après avoir admiré ces images, s’est abandonné au regret qu’elles ne pussent pas être conservées. Ce regret sera désormais sans objet : M. Daguerre a découvert des écrans particuliers sur lesquels l’image optique laisse une empreinte parfaite ; des écrans où tout ce que l’image renfermait se trouve reproduit jusque dans les plus minutieux détails, avec une exactitude, avec une finesse incroyables. En vérité, il n’y aurait pas d’exagération à dire que l’inventeur a découvert les moyens de fixer les images, si sa méthode conservait les cou- leurs ; mais, il faut s’empresser de le dire pour détromper une partie du publie, il n’y a dans les tableaux, dans les copies de M. Daguerre, comme dans un dessin au crayon noir, comme dans une gravure au burin, ou, mieux encore (l’assimilation sera plus exacte), comme dans une gravure à la manière noire ou à l’aquatinta, que du blanc, du noir et du gris, que de la lumière, de l’obscurité et des demi-teintes. En un mot, dans la chambre noire de M. Daguerre, la lumière reproduit elle-même les formes et les proportions des objets exté- rieurs, avec une précision presque mathématique ; les rapports photométriques des diverses parties blanches, noires, grises, sont exactement conservés ; mais des demi-teintes représentent le rouge, le jaune, le vert, etc., car la méthode crée des dessins et non des tableaux en couleur. 1. C’est à la lecture de cet article de Gaucheraud, qui sera repris en Angleterre par la Literary Gazette du 12 jan- vier, que Francis Bauer, alerté, sans nouvelles de Nicéphore depuis dix ans, ignorant sa mort, décidera de témoigner en sa faveur (v. 602). 2. Publ. in C.R.H.S.A.S., t. VIII, p. 4. Une copie de la main d’Isidore se trouve conservée en Russie. 597 1833 1839

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