Niépce correspondance et papiers

1110 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS “ Londres, le 29 janvier 1839. Messieurs, Dans peu de jours j’aurai l’honneur d’adresser à l’Académie des Sciences, une récla- mation formelle de priorité, de l’invention annoncée par M. Daguerre dans ses deux points principaux : (1.) La fixation des images de la camera obscura ; (2.) La conservation subséquente de ces images, de sorte qu’elles peuvent soutenir le plein soleil. Très occupé, en ce moment, d’un mémoire sur ce sujet, dont la lecture sera faite à la Société royale après-demain, je me borne à vous prier d’agréer l’expressîon de toute ma considération. H.F. TALBOT , Membre de la Société royale de Londres. ” M. Talbot, dit M. Arago, est un esprit trop éminent, un trop bon logicien, pour vou- loir, dans une question de priorité, tirer aucun parti du mémoire dont il était très occupé à la date du 29 janvier 1839, contre une communication académique de M. Daguerre qui remonte à plus d’un mois. M. Talbot doit incontestablement posséder d’autres titres. Voici quelques détails qu’il sera appelé à discuter : La première idée de fixer les images de la chambre obscure ou du microscope solaire sur certaines substances chimiques, n’appartient ni à M. Daguerre ni à M. Talbot. Nous aurons à rechercher plus tard, si M. Charles, de l’Académie des Sciences, qui faisait des sil- houettes dans ses cours publics, a précédé ou a suivi M. Wedgewood. Les premiers essais de M. Niépce, de Châlons-sur-Saône, pour perfectionner le pro- cédé de M. Charles ou de M. Wedgewood, sont de 1814. Nous avons des preuves authentiques, des preuves légales, qu’en 1826, M. Niépce savait engendrer des images qui, après une certaine opération que nous ferons connaitre en temps et lieu, résistaient à l’action ultérieure des rayons solaires. Nous produirons des dessins, exécutés sur diverses substances , par la méthode de M. Niépce, avec des perfectionnements de M. Daguerre, qui remontent à 1830 1 . Nous publierons l’acte d’association du 5 [sic] décembre 1829, enregistré suivant les pres- criptions de la loi, à la date du 13 mars 1830, et par lequel MM. Niépce et Daguerre s’étaient associés pour exploiter le procédé à l’invention duquel ils avaient concouru l’un et l’autre. Nous prouverons enfin, par la correspondance de M. Niépce, mort le 5 juillet 1833, que M. Daguerre était déjà, du vivant de son ami, en pleine possession du procédé, entiè- rement neuf, dont il se sert aujourd’hui, et que plusieurs des dessins que le public a tant admirés, existaient à cette époque 2 . Depuis cinq à six ans la méthode de M. Daguerre n’a guère reçu que de légères amé- liorations dont un artiste éminent pouvait seul sentir la nécessité. 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. Cette date sera rectifiée dès la semaine suivante : « Il s’est glissé dans le précédent cahier, une erreur de date que nous nous empressons de rectifier. Page 171, à l’avant-dernière ligne, au lieu de : remontent à 1830, lisez : remontent à 1832 ». Il s’agit de la découverte du physautotype pendant l’été 1832. 2. Inexact.Ce n’est qu’en 1835 que Daguerre trouva le moyen d’inverser en positifs les négatifs qu’il obtenait avec l’iodure d’argent sur plaques d’argent.En 1837,il annoncera avoir enfin trouvé le moyen de les fixer.Arago eût- il par ailleurs attesté d’une parfaite connaissance des faits, cette version tendrait à prouver que Daguerre avait été déloyal car on ne pouvait mieux sous-entendre qu’il avait trahi la confiance de l’inventeur.

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