Niépce correspondance et papiers
1124 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS respondance de nos deux compatriotes. Tout cela sera éclairci en temps et lieu, nettement, sans aucune équivoque possible. Reste la discussion dont nous nous sommes déjà occupés, et qui s’est élevée entre les physiciens de France et d’Angleterre. A ce sujet, voici un nouveau document qui nous arrive de Kew-Green, près de Londres. M. Baüer, savant botaniste, écrit au rédacteur du Literary Gazette, qu’il fit connais- sance avec M. Niépce, à Kew, en septembre 1827. Dans le mois de décembre de la même année, M. Niépce, sur l’invitation de M. Baüer, rédigea un mémoire relatif aux procédés qu’il avait découverts, pour fixer les images de la chambre obscure et pour copier des gra- vures à l’aide des rayons solaires. Ce mémoire, M. Baüer vient de le faire imprimer. Il porte la date du 8 décembre 1827. Il fut présenté à la Société royale de Londres, dans ce même mois de décembre, et resta plusieurs semaines aux mains de divers membres du comité de ce corps savant. Le mémoire était accompagné de plusieurs échantillons (sur métal) très intéressants, produits de la découverte de M. Niépce (Several very interesting speciments, the products of his discovery). Le Mémoire ne fut pas imprimé dans les Transactions phi- losophiques, parce que l’auteur n’y avait pas décrit ses procédés. M. Baüer possède encore plusieurs échantillons du nouvel art, que M. Niépce lui remit en 1827. Il offre de les montrer à qui serait curieux de les étudier. M. Baüer va cer- tainement trop loin, quand il ajoute, lui qui n’a rien vu de M. Daguerre : «ces spécimens sont aussi parfaits que les produits de M. Daguerre décrits dans les Gazettes francaises de 1839.» (Are quite as perfect as those productions of M. Daguerre, described in the french new-papers of 1839.) Au surplus, il ressort de la lettre, si intéressante, et si loyale de M. Baüer, une preuve nouvelle et incontestable de la grande antériorité de nos compatriotes sur les physiciens anglais ; car d’après la propre déclaration de M. Talbot, ses premiers essais ne remontent qu’à 1835. M. Arago a profité de la circonstance pour réclamer contre la conséquence qu’on a tirée, bien à tort suivant lui, d’une expérience dont il a été question à la Société philoma- tique. Un ami de M. Guérin-Varry a trouvé, assura-t-on, le moyen de fixer sur les métaux toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. On s’est hâté de conclure de là, que les représentations des objets, analogues à celles de la gravure à l’aqua-tinta, qu’obtient M. Daguerre, vont être incessamment remplacées et primées par de véritables peintures, où les couleurs des images de la chambre noire se trouveront reproduites. Pour que cette conclusion fût légi- time, il faudrait qu’on eût découvert une substance que les rayons rouges coloreraient en rouge, que les rayons jaunes coloreraient en jaune, sur laquelle les rayons bleus laisseraient une empreinte bleue, etc., etc. ; or, rien de pareil n’a été annoncé. On se tromperait si pour avoir trouvé des vernis, des enduits qui, exposés au soleil, deviendraient : celui-ci, rouge, celui-là, jaune, un troisième, vert, etc., on s’imaginait avoir fait un seul pas vers la solution du problème qu’on présentait comme résolu. Au reste, puisqu’il vient d’être question de couleurs diverses fixées sur les métaux, il ne sera pas hors de propos de rappeler les admi- rables iris que M. Nobili savait si bien produire et dont il avait orné, par exemple, les cou- vercles de plusieurs tabatières. 1833 1839 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839
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