Niépce correspondance et papiers

1130 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS parce que l’on n’en trouve pas de plus commodes pour les énoncer. Car personne ne peut jusqu’ici savoir avec certitude si les radiations, tant visibles qu’invisibles, résultent réelle- ment de corpuscules émis, ou d’ondulations propagées dans un éther qui pénétrerait tous les corps et remplirait les cieux. Cette exposition nous a paru nécessaire pour faire nettement comprendre comment M. Daguerre a pu fixer les images lumineuses formées au foyer de l’objectif dans la chambre obscure, non par l’effet propre des rayons lumineux mêmes, mais par l’action chi- mique de la radiation efficace qui les accompagne, en recevant celle-ci, en même temps que la lumière, sur un enduit qu’elle puisse impressionner. Or, pour réaliser cette conception, de manière à en tirer une œuvre d’art, d’une perfection telle qu’il est parvenu à la produire, il fallait remplir plusieurs conditions d’exécution indispensables, qui offraient autant de problèmes physiques ou chimiques très-difficiles ; et dont la résolution n’a pu se faire qu’avec une profonde étude de l’optique, et au moyen d’une infinité d’expériences sur les modifications chimiques qui s’opèrent dans les substances impressionnables, par le contact des corps auxquels elles sont appliquées. Sans connaître le secret de M. Daguerre, nous n’hésitons pas à dire, d’après son succès seul, qu’il n’a pu y arriver qu’à travers une multi- tude d’observations et de découvertes dont la science expérimentale recevra un avantage considérable. Or, comme ces conditions d’exécution parfaite deviennent nécessaires à connaître pour apprécier équitablement l’invention actuelle de M. Daguerre, par compa- raison aux essais qu’on avait tentés avant lui, et comme la foule des imitateurs, qui se lance assez étourdiment de tous côtés sur ses traces, semble les ignorer, puisqu’elle n’en tient aucun compte, il pourra n’être pas inutile de les spécifier, ne fût-ce que pour mieux diriger leur essor ; quoique, à vrai dire, ils puissent bien aussi diminuer d’ardeur, en se voyant beaucoup plus loin du but qu’ils ne le croyaient. Il faut d’abord trouver une substance très-vivement impressionnable par la radiation même diffuse, et qui puisse s’étendre en couche mince et uniforme sans rien perdre de cette propriété. Car si elle se modifiait avec lenteur, les ombres et les clairs des objets expo- sés à la lumière naturelle, se déplaceraient avec le mouvement du soleil, pendant l’opéra- tion ; de sorte qu’il n’y aurait que confusion dans l’empreinte qui se formerait, et l’on devrait renoncer à les reproduire. Une telle substance pourrait donc tout au plus servir pour tirer des copies de gravures, ou d’objets naturels, qui seraient immédiatement appli- qués sur le plan où elle serait étendue ; ce que l’on obtiendrait alors par la transmission inégale de la radiation solaire, à travers les parties noires et claires de la gravure, ou opaques et transparentes de l’objet appliqué. Mais, outre que l’on n’aurait jamais ainsi qu’un calque plus ou moins imparfait, les facilités que fournit maintenant la lithographie pour tirer immédiatement des copies de gravures aussi nombreuses qu’exactes, rendraient cette application presque puérile. Et enfin cela n’entraînerait nullement la possibilité de former des images analogues par la radiation diffuse dans la chambre noire, ce qui est le point important. Car les effets opérés par la radiation solaire sont complexes, non-seule- ment à cause de la diversité des éléments qui la composent, mais encore à cause des éléva- tions de température qu’elle excite, et que la radiation diffuse ne produit pas. Il faut donc que la substance employée soit vivement sensible, même à cette dernière espèce de radia- tion. Cette condition est d’ailleurs facile à remplir par les diverses classes de composés chi- miques indiqués plus haut, et probablement par beaucoup d’autres. Mais, ce qui est moins aisé, et non moins nécessaire, c’est que l’empreinte formée reproduise immédiatement les ombres par des ombres et les lumières par des clairs, dont 1833 1839 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839

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