Niépce correspondance et papiers

1140 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS entière indépendance. De son côté l’illustre sir John Herschell, intéressé par l’annonce de ces résultats, comme par une sorte d’énigme scientifique, se mit aussi à inventer des papiers impressionnables, et en obtint des empreintes de gravures par application immé- diate, sans savoir que son compatriote et son ami, M. Talbot, se fût depuis longtemps occupé du même sujet. Mais l’exposition que nous venons de faire des conditions générales du problème physique résolu par M. Daguerre, montre suffisamment que les procédés des deux savants anglais, tout ingénieux et instructifs qu’ils sont en eux-mêmes, ne sauraient rivaliser avec les siens pour la pureté des empreintes, non plus que pour l’étendue des applications. C’est aussi ce que sir John Herschell lui même s’est plu à exprimer, lorsqu’il a pu dernièrement voir les dessins de M. Daguerre, en passant par Paris 1 ; et il l’a fait avec une noblesse de sentiments qui ne nous a nullement étonnés de sa part. Nous sommes convaincus que M. Talbot leur rendrait une aussi entière justice, s’il s’offrait une occasion semblable de les lui présenter. Nous avons déjà fait remarquer, dans ce qui précède, combien la publication des pro- cédés de M. Daguerre et des nombreuses expériences qu’il a dû faire pour les découvrir, étendra nos moyens de recherches sur les propriétés spécifiques des radiations et sur leur pouvoir pour exciter les compositions, ainsi que les décompositions chimiques, d’un grand nombre de corps sensibles à leur influence. Déjà l’attention que son succès a rappelée sur ce genre d’action, et les moyens nouveaux qu’il nous a fournis pour l’étudier, ont servi à en faire constater plusieurs particularités importantes, tant par elles-mêmes que par les analogies qu’elles découvrent et par l’étendue des conséquences qu’elles annoncent. Car ce n’est pas seulement aux corps inertes que s’appliquera ce mode d’expérimentation. Les élé- ments de la radiation générale que l’on peut ainsi distinguer et analyser, sont les agents qui excitent, peut-être même qui déterminent, une infinité d’opérations accomplies par les organes des êtres vivants, ou d’impressions qu’ils éprouvent ; par exemple, les sensations de la vision, de la chaleur, les sécrétions et les absorptions superficielles, probablement bien d’autres encore que nous ignorons, parce que nous manquons de moyens physiques pour les étudier ou pour les rendre manifestes. Qui sait si les radiations de tous les corps ignés, célestes ou terrestres, sont de même nature, ou si elles n’ont pas des propriétés spé- cifiques qui les rendraient aptes à influer différemment sur les corps, soit inorganiques, soit organisés ? et si leur essence était diverse, la résultante de leurs influences, en chaque point de l’espace, n’y produirait-elle pas des phénomènes divers dont nous ressentirions nous-mêmes les variations, soit quand de nouveaux astres pénètrent notre système plané- taire, soit par le mouvement immense qui très-vraisemblablement transporte, à notre insu, ce système à travers diverses régions de l’univers ? ne dirait-on pas que la science donne- rait ici quelque apparence de réalité à ce préjugé antique, que les astres influent sur nos destinées ! BIOT. 1833 1839 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. V. 619.

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