Niépce correspondance et papiers
1146 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Votre lettre à l’Institut de France, Monsieur, et la publicité que vous avez donnée au mémoire que mon // père avait laissé entre vos mains, sont venus corroborer les preuves nombreuses de priorité, contestée par M r . Talbot, et ont ajouté un nouveau titre à la gloire de mon père, titre d’autant plus flatteur, que vos qualités d’étranger, de savant et de membre de l’académie de Londres, le rendent aussi irrécusable, que la loyauté qui vous a dirigé ! Je ne prétends point, Monsieur, atténuer l’honneur qui revient à Daguèrre : loin de moi la pensée de nuire à ses talens ! Il a fait subir à la découverte de mon père, un immense perfec- tionnement, tant sous le rapport de la promptitude, que sous celui de la délicatesse des demi- teintes, et la pureté des traits : ceci est de lui, mais ne constitue pas une découverte, comme il le prétend : il ne peut y avoir qu’un principe dans l’effet obtenu ; ce principe peut être modifié ; mais ces modifications seraient nulles sans le principe ! Au reste, je vis en très-bonne intelli- gence avec Daguerre 1 , et j’évite tout ce qui pourrait choquer son amour propre. C’est assez vous dire, Monsieur, que je désire, du moins pour le moment, que cette lettre soit confidentielle 2 . Le gouvernement doit acheter notre découverte, mais il ne la payera sûrement pas, sa valeur ! Cependant, mon avenir y est intéressé..! Possesseur d’une belle fortune, je l’ai vue presque s’évanouir pour faire honneur aux dépenses énormes faites par mon oncle, et par mon père ; dépenses qui n’avaient pour but que le désir de faire quelque nouvelle découverte, utile à la société ! Veuillez m’excuser // Monsieur, si j’abuse aussi longtems de vos précieux moments, mais, j’ai cru ne pas être indiscret, en vous donnant des détails qui peuvent vous être agréables, et en vous réitérant l’expression de toute ma gratitude, je vous prie d’agréer l’assurance du bon- heur que j’éprouve à m’entretenir avec vous, et des sentimens très-distingués, avec lesquels J’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très-humble serviteur Isidore Niépce Rue S t . Hyacinthe S t . Honoré 7. P.S. Ma mère me charge de la rappeler à votre aimable souvenir. Seriez-vous assez bon, Monsieur, pour me faire parvenir un exemplaire du mémoire que vous avez fait imprimer ? C’est une pièce que je serais flatté de posséder. // Monsieur Monsieur Baüer, membre de la Société Royale, à Kiew-Green, près et par Londres Angleterre [N.s.m.] Mons r . Isidor Niépce Re d . april 17 th . 1839. 3 N° XII 4 . 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. Il est intéressant de remarquer qu’Isidore avait prévu d’écrire :« je vis toujours » etc.(v.brouillon).Ceci conduit nécessairement à relativiser la véhémence avec laquelle il prétendra avoir réagi en 1835 et en 1837. 2. Bauer s’étonnera de cette demande (v. 617). 3. De la main de Bauer. 4. V. 436n.
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