Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1173 627 Lettre (A.S.R.) 1 Paris, 18 juin 1839 2 . Isidore à Bauer. Paris le 18 juin 1839 Monsieur, J’ai reçu l’aimable lettre que vous m’avez adressée 3 , et la Gazette de Littérature, que vous avez eu l’obligeance d’y joindre 4 : je vous aurais répondu plus promptement, si je n’eusse voulu en retardant, vous apprendre le résultat de notre affaire. Le gouvernement a acheté notre découverte 5 , mais à des conditions bien au dessous de ce que nous espérions ! Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, nous demandions 200000 f rs 6 . Au lieu de celà, on nous a donné une rente viagère de 4000 f s . 7 M r . Daguèrre a obtenu 2000 f s . de plus pour son procédé du Diorama, mais au fait c’est un avantage que l’on a voulu lui faire à mes dépens 8 , et l’on a employé un moyen évasif, auquel je n’ai // rien à objecter ! Il vient en outre d’être nommé officier de la Légion d’Honneur ; vous voyez, mon cher Monsieur, que je suis loin de partager les faveurs dont on entoure l’associé de mon père ! On ne voit que lui, on ne rend hommage qu’aux résultats qu’il a obtenus, sans remonter à la source ! Je crois cependant, que celui qui a inventé, a rendu à la société, un plus grand service, que celui qui a perfectionné une découverte ! Mais malheureusement, je ne possède pas les qualités suffisantes pour l’intrigue ; et en France, comme ailleurs, on ne réussit sans cela ! Je vais, mon cher Monsieur, répondre à la question que vous m’adressez sur la décou- verte de mon père, en ce qui concerne l’application à la gravure. M r . Daguerre, lors de son association avec mon père, le détourna d’une application, qui, disait-il ne pourrait offrir aucun avantage, attendu que l’artiste étant dans la nécessité de retoucher 9 à l’aide du burin, l’opération produite par la nature, et fixée sur la planche avec l’acide, on n’aurait plus // ce fini, que la nature par son travail, peut seule donner : que ce procédé d’ailleurs, aurait trop d’analogie avec la lithographie, ce qui ne pourrait que lui nuire ! Mon père avait alors abandonné cette application, mais on la trouvera détaillée dans la publication qui aura lieu aussitôt que la loi qui nous concerne, sera promulguée. Je crois cependant comme vous, Monsieur, que le moyen de fixer d’une manière solide 1. Publ. in U (doc. 163). 2. C’est dans la nuit du 18 juin 1839 que la vieille église Saint-Jean de Maizel, à Chalon-sur-Saône, fut détruite par un incendie. Rappelons que les parents de Nicéphore s’y étaient mariés et que lui-même, comme ses frères et sa sœur, y avait été baptisé. 3. V. 614. 4. Il s’agissait évidemment de The Literary Gazette du 2 mars 1839 (v. 602). 5. Isidore brûlait les étapes. La loi ne sera votée que le 9 juillet. 6. Contrairement à ce qu’il croyait, Isidore n’avait pas avancé de chiffre. 7. On ne saurait trop insister sur la gravité de la situation dans laquelle se trouvait désormais Isidore. Rappelons qu’au tout début de l’année 1839 encore, il était en droit d’espérer de la souscription une ren- trée pouvant s’élever jusqu’à 200.000 francs, ceci à titre personnel (v. 587n). Sachant que le total de ses dettes se montait largement à cette somme (v. App. XXII pièce n° 1), on imagine facilement que ses créan- ciers se montrèrent compréhensifs aussi longtemps qu’il fit valoir, de bonne foi (contrat à l’appui) ses espé- rances. Dès lors que celles-ci se trouvèrent réduites à une simple pension de 4.000 francs, Isidore fut obligé d’admettre qu’ il n’y avait plus à marchander (ib.). 8. Nous avons donné notre sentiment là-dessus (v. 624n). 9. Et non retomber , comme on le trouve dans la transcription russe. 627 1833 1839

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