Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1177 629 Rapport 1 Paris, 3 juillet 1839. Chambre des Députés. Rapport par Arago sur le projet de loi tendant à accorder une pension Daguerre et Isidore. R APPORT fait au nom de la Commission 2 chargée de l’examen du projet de loi tendant à accorder : 1° au sieur D AGUERRE , une pension annuelle et viagère de 6,000 fr. ; 2° au sieur N IEPCE fils, une pension annuelle et viagère de 4,000 francs, pour la cession faite par eux du procédé servant à fixer les IMAGES DE LA CHAMBRE OBSCURE , par M. Arago, député des Pyré- nées-Orientales. Messieurs, l’intérêt qu’on a manifesté, dans cette enceinte et ailleurs, pour les travaux dont M. Daguerre a mis dernièrement les produits sous les yeux du public a été vif, écla- tant, unanime. Aussi la Chambre, suivant toute probabilité, n’attend-elle de sa Commission qu’une approbation pure et simple du projet de loi que le ministre de l’intérieur a pré- senté 3 . Cependant, après y avoir réfléchi mûrement, il nous a semblé que la mission dont vous nous aviez investis nous imposait d’autres devoirs. Nous avons cru que tout en applaudissant à l’heureuse idée d’instituer des récompenses nationales, en faveur d’inven- teurs dont la législation ordinaire des brevets n’aurait pas garanti les intérêts, il fallait, dès les premiers pas dans cette nouvelle voie, montrer avec quelle réserve, avec quel scrupule la Chambre procéderait. Soumettre à un examen minutieux et sévère l’œuvre du génie sur laquelle nous devons aujourd’hui statuer, ce sera décourager les médiocrités ambitieuses qui, elles aussi, aspiraient à jeter dans cette enceinte leurs productions vulgaires et sans avenir ; ce sera prouver que vous entendez placer dans une région très élevée les récom- penses qui pourront vous être demandées au nom de la gloire nationale ; que vous ne consentirez jamais à les en faire descendre, à ternir leur éclat en les prodiguant. Ce peu de mots fera comprendre à la Chambre comment nous avons été conduits à examiner : Si le procédé de M. Daguerre est incontestablement une invention ; Si cette invention rendra à l’archéologie et aux beaux-arts des services de quelque valeur ; Si elle pourra devenir usuelle ; Si l’on doit espérer que les sciences en tireront parti. Un physicien napolitain, Jean-Baptiste Porta , reconnut, il y a environ deux siècles, que si l’on perce un très petit trou dans le volet de la fenêtre d’une chambre bien close, ou, mieux encore, dans une plaque métallique, mince, appliquée à ce volet, tous les objets exté- rieurs dont les rayons peuvent atteindre le trou, vont se peindre sur le mur de la chambre 1. Publ. in Annales de la Chambre des députés (n° 164 des Impressions de la Chambre des députés). Probablement ce texte se trouvait-il déjà saisi par Béthune, l’imprimeur de Daguerre, lorsque le pseudo dis- cours du 19 août fut publié par l’Académie (v. 636). C’est en tout cas l’impression qui s’impose en consta- tant que le texte de la brochure de Daguerre est un composé des deux, mais que quelques unes des cor- rections n’y figurent pas. Peut-être même faut-il voir dans ce dernier détail la preuve que Béthune dut reprendre en catastrophe le travail déjà effectué. 2. Note du rédacteur des Annales : « Cette commission était composée de MM. Arago, Etienne, Carl, Vatout, de Beaumont, Tournouër, Delessert (François), Combarel de Leyval, Vitet ». 3. V. 626. 629 1833 1839

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