Niépce correspondance et papiers
1198 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS M. Daguerre une récompense nationale : Une plaque de plaqué cuivre et argent, bien décapée avec de l’acide nitrique étendu d’eau, est exposée à la vapeur d’iode, qui forme le premier enduit, enduit fort mince, puis- qu’il n’atteint pas un millionième d’épaisseur. Il y a des précautions indispensables pour que cet enduit soit uniforme mais nous n’entrerons pas dans ces détails, qui nous entraîneraient trop loin. La plaque ainsi enduite est placée au foyer de la chambre obscure et en est retirée au bout de huit à dix minutes. On regarde alors, et l’œil le plus exercé n’aperçoit pourtant rien encore. Cette plaque est ensuite exposée, dans un appareil ad hoc , à la vapeur de mercure, et lorsqu’on a chauffé jusqu’à soixante degrés, les dessins ressortent comme par enchante- ment ; chose singulière et inexplicable jusqu’à présent, c’est qu’il faut que la plaque soit inclinée. Directement opposée au foyer d’où s’échappe la vapeur de mercure, les résultats seraient loin d’être aussi satisfaisans. Enfin, on trempe en dernier lieu cette plaque dans de l’ hyposulfite de soude , on la lave dans de l’eau distillée, ayant soin que ces lavages soient à grande eau. Alors l’opération est terminée. 1 635 Lettre (A.A.S. carton J.B. Dumas n° 22). Inédit Paris, 20 août 1839. Daguerre à Jean-Baptiste Dumas. Monsieur, Lorsque j’ai essayé le vernis que vous avez eu la bonté de m’envoyer 2 , je me suis apperçu qu’il avait pour effet de ternir les lumières & les vigueurs de l’image & par consé- quent j’ai pensé qu’on ne pourrait pas l’employer pour demeurer sur la planche. Mais vous m’avez dit hier qu’on pourrait l’enlever sans inconvénient & en effet, ce matin après l’avoir lavé, je me suis convaincu que l’image n’avait pas souffert, c’est pourquoi je le regarde comme devant être très-utile, si toutefois il ne finit pas par se combiner avec le mercure en séjournant longtemps sur l’épreuve ; car c’est là un inconvénient que j’ai remarqué dans tous les vernis que j’ai essayés. J’ai vu ce matin Mr. Arago qui a // tout a fait oublié hier de parler de votre vernis, ce que je regrette d’autant plus que je le regarde comme pouvant être d’un emploi fort utile. 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 1. Arago avait donc exposé de manière assez précise le procédé de Niépce qui fait l’objet de la majeure par- tie de l’article. Il avait même donné à l’assistance des détails qui, bien évidemment, ne figurent pas dans le pseudo compte rendu de la séance (v. 636). L’information la plus importante concerne le temps de pose qui était bien de plusieurs jours ainsi que nos reconstitutions l’ont montré. Trois jours est également le temps mentionné dans le Journal des Débats , paru aussi ce 20 août. Le commentaire sur le traitement aux vapeurs d’iode est aussi unique en son genre. En effet, si la plaque portant l’image au bitume est exposée trop longtemps à ces vapeurs, celles-ci traversent le bitume en tout point de l’image. La plaque d’argent présente alors une couche d’iodure d’argent plus ou moins importante sur toute sa surface.Par excès d’ex- position à l’iode, l’image finale est recouverte d’une couche plus ou moins grise qui la rend fade ou même trop sombre. 2. En cette année 1839, alors qu’il était peut-être au courant du travail de Daguerre depuis plusieurs années (v. App. XIX § 2), Jean-Baptiste Dumas ignorait évidemment tout de l’historique de l’affaire. Quelque trente ans plus tard, soutenu par Chevreul et d’autres académiciens, il demandera qu’on reconnaisse à Nicéphore sa place de « premier inventeur » (C.R.S.H.A.S., t. LXXIII, p. 1017), et s’acquerra la reconnaissance de sa famille (v. App. XXII, pièce 18).
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