Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1201 besoin d’être petit ; qu’il peut avoir une largeur quelconque quand on le couvre d’un de ces verres bien polis, qui, à raison de leur forme, ont été appelés lentilles. Les images produites par l’intermédiaire du trou ont peu d’intensité. Les autres brillent d’un éclat proportionnel à l’étendue superficielle de la lentille qui les engendre. Les premières ne sont jamais exemptes de confusion. Les images des lentilles, au contraire, quand on les reçoit exactement au foyer, ont des contours d’une grande netteté. Cette netteté est devenue vraiment étonnante depuis l’invention des lentilles achromatiques ; depuis qu’aux lentilles simples, composées d’une seule espèce de verre, et possé- dant, dès lors, autant de foyers distincts qu’il y a de couleurs différentes dans la lumière blanche, on a pu substituer des lentilles achromatiques , des lentilles qui réunissent tous les rayons possibles dans un seul foyer ; depuis, aussi, que la forme périscopique a été adoptée. Porta fit construire des chambres noires portatives. Chacune d’elles était composée d’un tuyau, plus ou moins long, armé d’une lentille. L’écran blanchâtre en papier ou en carton, sur lequel les images allaient se peindre, occupait le foyer. Le physicien napolitain destinait ses petits appareils aux personnes qui ne savent pas dessiner. Suivant lui, pour obtenir des vues parfaitement exactes des objets les plus com- pliqués, il devait suffire de suivre, avec la pointe d’un crayon, les contours de l’image focale. Ces prévisions de Porta ne se sont pas complètement réalisées. Les peintres, les dessinateurs, ceux, particulièrement, qui exécutent les vastes toiles des panoramas et des dioramas, ont bien encore quelque- fois recours à la chambre noire ; mais c’est seulement pour tracer, en masse, les contours des objets ; pour les placer dans les vrais rapports de grandeur et de position ; pour se conformer à toutes les exigences de la perspective linéaire . Quant aux effets dépendant de l’imparfaite diaphanéité de notre atmosphère, qu’on a caractérisés par le terme assez impropre de perspective aérienne , les peintres exercés eux-mêmes n’espé- raient pas que, pour les reproduire avec exactitude, la chambre obscure pût leur être d’aucun secours. Aussi, n’y a-t-il personne qui, après avoir remarqué la netteté de contours, la vérité de formes et de couleur, la dégradation exacte des teintes qu’offrent les images engendrées par cet instument, n’ait vivement regretté qu’elles ne se conservassent pas d’ elles-mêmes ; n’ait appelé de ses vœux la découverte de quelque moyen de les fixer sur l’écran focal. Aux yeux de tous, il faut également le dire, c’était là un rêve destiné à prendre place parmi les conceptions extravagantes d’un Wilkins 1 ou d’un Cyrano de Bergerac. Le rêve, cependant, vient de se réaliser. Prenons l’invention dans son germe et marquons-en soigneusement les progrès. Les alchimistes réussirent jadis à unir l’argent à l’acide marin. Le produit de la combinaison était un sel blanc qu’ils appelèrent lune ou argent corné (I). (I) Note 2 : Dans l’ouvrage de Fabricius (De rebus metallicis), imprimé en 1566, il est déjà longuement question d’une sorte de mine d’argent qu’on appelait argent corné , ayant la cou- leur et la transparence de la corne, la fusibilité et la mollesse de la cire. Cette substance, exposée à la lumière, passait du gris jaunâtre au violet , et, par une action plus long-temps prolongée, presque au noir . C’était l’argent corné naturel. Ce sel jouit de la propriété remarquable de noircir à la lumière, de noircir d’autant plus vite que les rayons qui le frappent sont plus vifs. Couvrez une feuille de papier d’une couche d’argent corné ou, comme on dit aujourd’hui, d’une couche de chlorure d’argent ; formez sur cette couche, à l’aide d’une len- tille, l’image d’un objet ; les parties obscures de l’image, les parties sur lesquelles ne frappe aucune lumière resteront blanches ; les parties fortement éclairées deviendront complètement noires ; les demi-teintes 636 1833 1839 1. Au lieu de Burnet dans le rapport du 3 juillet. John Wilkins (1614-1672). Prélat anglais. Il épousa une des sœurs de Cromwell. Il fut l’un des fondateurs de la Royal Society. Il a laissé des sermons, des ouvrages phi- losophiques et mathématiques. 2. Ces notes se retrouveront en grande partie dans la brochure de Daguerre, dès sa première édition.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==