Niépce correspondance et papiers
1202 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS seront représentées par des gris plus ou moins foncés. Placez une gravure sur du papier enduit de chlorure d’argent, et exposez le tout à la lumière solaire, la gravure en dessus. Les tailles remplies de noir arrêteront les rayons ; les parties correspondantes de l’en- duit que ces tailles touchent et recouvrent, conserveront leur blancheur primitive. Dans les régions cor- respondantes, au contraire, à celles de la planche, où l’eau-forte, le burin n’ont pas agi ; là où le papier a conservé sa demi-diaphanéité, la lumière solaire passera et ira noircir la couche saline. Le résultat néces- saire de l’opération sera donc une image semblable à la gravure par la forme, mais inverse quant aux teintes : le blanc s’y trouvera reproduit en noir, et réciproquement. Ces applications de la si curieuse propriété du chlorure d’argent, découverte par les anciens alchi- mistes, sembleraient devoir s’être présentées d’elles-mêmes et de bonne heure ; mais ce n’est pas ainsi que procède l’esprit humain. Il nous faudra descendre jusqu’aux premières années du XIXe siècle pour trou- ver les premières traces de l’art photographique. Alors, Charles, notre compatriote, se servira, dans ses cours, d’un papier enduit, pour engendrer des silhouettes à l’aide de l’action lumineuse. Charles est mort sans décrire la préparation dont il faisait usage ; et comme, sous peine de tomber dans la plus inextricable confusion, l’historien des sciences ne doit s’ap- puyer que sur des documents imprimés, authentiques, il est de toute justice de faire remonter les premiers linéaments du nouvel art à un mémoire de Wedgwood, ce fabricant si célèbre, dans le monde industriel, par le perfectionnement des poteries et par l’invention d’un pyromètre destiné à mesurer les plus hautes températures. Le mémoire de Wedgwood parut en 1802, dans numéro de juin du journal of the royal Institution of Great Britain . L’auteur veut, soit à l’aide de peaux, soit avec des papiers enduits de chlorure ou de nitrate d’argent, copier les peintures des vitraux des églises, copier des gravures. «Les images de la chambre obs- cure (nous rapportons fidèlement un passage du mémoire), il les trouve trop faibles pour produire, dans un temps modéré, de l’effet sur du nitrate d’argent.» ( The images formed by means of a camera obscura, have been found to be too faint to produce, in any moderate time, an effect upon the nitrate of silver. ) Le commentateur de Wedgwood, l’illustre Humphry Davy ne contredit pas l’assertion relative aux images de la chambre obscure. Il ajoute seulement, quant à lui, qu’il est parvenu à copier de très petits objets au microscope solaire, mais seulement à une courte distance de la lentille. Au reste, ni Wedgwood, ni Sir Humphry Davy ne trouvèrent le moyen, l’opération une fois termi- née, d’enlever à leur enduit (qu’on nous passe l’expression), d’enlever à la toile de leurs tableaux, la pro- priété de se noircir à la lumière. Il en résultait que les copies qu’ils avaient obtenues ne pouvaient être exa- minées au grand jour ; car au grand jour tout, en très peu de temps, y serait devenu d’un noir uniforme. Qu’était-ce, en vérité, qu’engendrer des images sur lesquelles on ne pouvait jeter qu’un coup d’œil à la dérobée, et même seulement à la lumière d’une lampe ; qui disparaissaient en peu d’instants, si on les exa- minait au jour ? Après les essais imparfaits, insignifiants, dont nous venons de donner l’analyse, nous arrivons, sans renconter sur notre route aucun intermédiaire, aux recherches de MM. Niépce et Daguerre. Feu M. Niépce était un propriétaire retiré dans les environs de Châlons-sur-Saône. Il consacrait ses loisirs à des recherches scientifiques. Une d’elles, concernant certaine machine où la force élastique de l’air brusquement échauffé devait remplacer l’action de la vapeur, subit, avec assez de succès, une épreuve fort délicate : l’examen de l’Académie des sciences. Les recherches photographiques de M. Niépce parais- sent remonter jusqu’à l’année 1814. Ses premières relations avec M. Daguerre sont du mois de janvier 1826. L’indiscrétion d’un opticien de Paris lui apprit alors que M. Daguerre était occupé d’expériences ayant aussi pour but de fixer les images de la chambre obscure. Ces faits sont consignés dans des lettres que nous avons eues sous les yeux. En cas de contestation, la date certaine des premiers travaux photo- graphiques de M. Daguerre serait donc l’année 1826. 1833 1839 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839
RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==