Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1205 la plaçait horizontalement et à distance au-dessus d’un vase contenant une huile essen- tielle légèrement chauffée 1 . Dans cette opération, renfermée entre des limites convenables et qu’un simple coup d’œil, au reste, permettait d’apprécier : La vapeur provenant de l’huile, laissait intactes les particules de l’enduit pulvérulent qui avaient reçu l’action d’une vive lumière ; Elle pénétrait partiellement, et plus ou moins, les régions du même enduit qui, dans la chambre noire, correspondaient aux demi-teintes. Les parties restées dans l’ombre étaient, elles, pénétrées entièrement. Ici le métal ne se montrait à nu dans aucune des parties du dessin ; ici les clairs étaient for- més par une agglomération d’une multitude de particules blanches et très mates ; les demi- teintes par des particules également condensées, mais dont la vapeur avait plus ou moins affaibli la blancheur et le mat ; les ombres par des particules, toujours en même nombre, et devenues entièrement diaphanes. Plus d’éclat, une plus grande variété de tons, plus de régularité, la certitude de réussir dans la manipulation, de ne jamais emporter aucune portion de l’image, tels étaient les avan- tages de la méthode modifiée de M. Daguerre, sur celle de M. Niépce ; malheureusement le résidu de l’huile de lavande, quoique plus sensible à l’action de la lumière que le bitume de Judée, est encore assez paresseux pour que les dessins ne commencent à y poindre qu’après un temps fort long. Le genre de modification que le résidu de l’huile de lavande reçoit par l’action de la lumière et à la suite duquel les vapeurs des huiles essentielles pénètrent cette matière plus ou moins difficilement, nous est encore inconnu. Peut-être doit-on le regarder comme un simple des- sèchement de particules ; peut-être ne faut-il y voir qu’un nouvel arrangement moléculaire. Cette double hypothèse expliquerait comment la modification s’affaiblit graduellement et disparaît à la longue, même dans la plus profonde obscurité. Le Daguerréotype Dans le procédé auquel le public reconnaissant a donné le nom de Daguerréotype 2 , l’enduit de la lame de plaqué, la toile du tableau qui reçoit les images, est une couche jaune d’or dont la lame se recouvre lorsqu’on la place horizontalement, pendant un certain temps et l’ar- gent en dessous, dans une boîte au fond de laquelle il y a quelques parcelles d’iode aban- données à l’évaporation spontanée . Quand cette plaque sort de la chambre obscure, on n’y voit absolument aucun trait . La couche jaunâtre d’iodure d’argent qui a reçu l’image, paraît encore d’une nuance parfaite- ment uniforme dans toute son étendue. Toutefois, si la plaque est exposée, dans une seconde boîte, au courant ascendant de vapeur mercurielle qui s’élève d’une capsule où le liquide est monté, par l’action d’une lampe à esprit de vin, à 75° centigrades, cette vapeur produit aussitôt le plus curieux effet. Elle s’at- tache en abondance aux parties de la surface de la plaque qu’une vive lumière a frappées ; elles laisse intactes les régions restée dans l’ombre ; enfin, elle se précipite sur les espaces qu’occupaient les demi-teintes, en plus ou moins grandes quantités, suivant que par leur 1. Daguerre publiera « à la température ordinaire ». 2. On se souvient que c’est Daguerre lui-même qui avait imposé cette appellation de son procédé : « J’ai bap- tisé mon procédé ainsi Daguerréotipe », écrivait-il à Isidore le 28 avril 1838 (v. 591). 636 1833 1839
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