Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1211 manière imparfaite. A peine, cependant, est-il tourné vers le firmament, qu’on découvre des myriades de nouveaux mondes ; que, pénétrant dans la constitution des six planètes des anciens, on la trouve analogue à celle de notre terre, par des montagnes dont on mesure les hauteurs, par des atmosphères dont on suit les bouleversements, par des phénomènes de formation et de fusion de glaces polaires, analogues à ceux des pôles terrestres ; par des mouvements rotatifs semblables à celui qui produit ici-bas l’intermittence des jours et des nuits. Dirigé sur Saturne, le tube des enfants du lunetier de Midlebourg y dessine un phéno- mène dont l’étrangeté dépasse tout ce que les imaginations les plus ardentes avaient pu rêver. Nous vou- lons parler de cet anneau, ou, si on l’aime mieux, de ce pont sans piles, de 71000 lieues de diamètre, de 11000 lieues de largeur, qui entoure de tout côté le globe de la planète, sans en approcher nulle part, à moins de 9000 lieues. Quelqu’un avait-il prévu qu’appliquée à l’observation des quatres lunes de Jupiter, la lunette y ferait voir que les rayons lumineux se meuvent avec une vitesse de 80000 lieues à la seconde ; qu’attachée aux instruments gradués, elle servirait à démontrer qu’il n’existe point d’étoiles dont la lumière nous parvienne en moins de trois ans ; qu’en suivant enfin, avec son secours, certaines observa- tions, certaines analogies, on irait jusqu’à conclure avec une immense probabilité, que le rayon par lequel, dans un instant donné, nous apercevons certaines nébuleuses, en était parti depuis plusieurs millions d’années ; en d’autres termes, que ces nébuleuses, à cause de la propagation successive de la lumière, seraient visibles de la terre, plusieurs millions d’années après leur anéantissement complet. La lunette des objets voisins, le microscope , donnerait lieu à des remarques analogues, car la nature n’est pas moins admirable, n’est pas moins variée dans sa petitesse que dans son immensité. Appliqué d’abord à l’observation de quelques insectes dont les naturalistes désiraient seulement amplifier la forme afin de la mieux reproduire par la gravure, le microscope a dévoilé ensuite et inopinément dans l’air, dans l’eau, dans tous les liquides, ces animalcules, ces infusoires, ces étranges reproductions où l’on peut espé- rer de trouver un jour les premiers linéaments d’une explication rationnelle des phénomènes de la vie. Dirigé récemment sur des fragments menus de diverses pierres comprises parmi les plus dures, les plus compactes dont l’écorce de notre globe se compose, le microscope a montré aux yeux étonnés des obser- vateurs, que ces pierres ont vécu, qu’elles sont une pâte formée de milliards de milliards d’animalcules microscopiques soudés entre eux. On se rappellera que cette digression était destinée à détromper les personnes qui voudraient, à tort, renfermer les applications scientifiques des procédés de M. Daguerre, dans le cadre actuellement prévu dont nous avions tracé le contour ; eh bien ! les faits justifient déjà nos espérances. Nous pourrions, par exemple, parler de quelques idées qu’on a eues sur les moyens rapides d’investigation que le topographe pourra emprunter à la photographie. Nous irons plus droit à notre but, en consignant ici une observation singulière dont M. Daguerre nous entretenait naguère : suivant lui, les heures du matin et les heures du soir également éloignées de midi et correspondant, dès lors, à de semblables hauteurs du soleil au-dessus de l’horizon, ne sont pas, cependant, également favorables à la production des images photographiques. Ainsi, dans toutes les saisons de l’année, et par des circonstances atmosphériques en apparence exacte- ment semblables, l’image se forme un peu plus promptement à sept heures du matin, par exemple, qu’à cinq heures de l’après-midi ; à huit heures qu’à quatre heures ; à neuf heures qu’à trois heures. Supposons ce résultat vérifié, et le météorologiste aura un élément de plus à consigner dans ses tableaux ; et aux observations anciennes de l’état du thermomètre, du baromètre, de l’hygromètre et de la diaphanéité de l’air, il devra ajouter un élément que les premiers instruments n’accusent pas, et il faudra tenir compte d’une absorption particulière, qui peut ne pas être sans influence sur beaucoup d’autres phénomènes, sur ceux même qui sont du ressort de la physiologie et de la médecine (I). (I) Note : La remarque de M. Daguerre sur la dissemblance comparative et constante des effets de la lumière solaire, à des heures de la journée où l’astre est également élevé au-des- 636 1833 1839
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