Niépce correspondance et papiers
1214 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Le résidu d’huile essentielle de lavande, présente plus de fixité, sans être cependant inaltérable à la lumière. Pour obtenir ce résidu, on fait évaporer l’essence dans une capsule, à l’aide de la chaleur, jusqu’à ce que le résidu acquièrre une telle consistance, qu’il sonne sous la pointe du couteau, en le frappant après le réfroidissement, et qu’en cherchant à le détacher de la capsule, il se brise en éclats. On fait alors dissoudre une très-petite quantité de cette matière, dans l’alcool, ou de l’éther acétique ; il faut que la solution soit très-claire, et d’une couleur jaune citron : plus la solution est claire, plus la couche est mince ; il ne faut cependant pas qu’elle le soit trop, car alors, elle ne pourrait pas matter, elle ne ferait pas une couche blanche, ce qui est indispensable pour obtenir de l’effet dans les épreuves. L’emploi de l’alcool, ou de l’ether, n’a d’autre but, que de faciliter l’application du résidu sous une forme excessivement divisée, puisque lorsqu’on opère, l’alcool est entière- ment vaporisé. // Pour obtenir plus de vigueur dans les epreuves, il est nécéssaire que le métal soit bruni ; les epreuves sur verre, ont plus de charmes, et beaucoup plus de finesse. Quand on veut opérer, il faut que le métal ou le verre, soient parfaitement nettoyés : on peut à cet effet, se servir d’alcool et de tripoli très-fin, mais il faut toujours terminer cette opération, en frottant à sec, afin qu’il ne reste aucune trace du liquide ; on se sert de coton avec l’alcool et le tripoli. Pour appliquer la couche, on tient la plaque de métal ou le verre, de la main gauche, et de la droite, on verse dessus la solution qui doit être renfermée dans un petit flacon à large ouverture, de manière que cette solution coulant, couvre rapidement toute la surface de la plaque : on la tient d’abord un peu inclinée ; mais aussitôt qu’on a versé la solution, et qu’elle a cessé de couler, on la dresse perpendiculairement ; on pose le facon, et on passe de suite le doigt derrière et au bas de la plaque, pour entraîner une partie du liquide, qui tend toujours à remonter, et qui double l’épaisseur de la couche : il faut chaque fois s’es- suyer le doigt, et le passer très-promptement dans toute la longueur de la planche par des- sous, et du côté opposé à la // couche. Lorsque le liquide ne coule plus, on place la plaque à l’ombre, pour la laisser bien sécher, car la lumière détruirait la sensibilité de la substance. La couche dans cet état, est blanche et excéssivement mince, c’est en partie à cette der- nière condition, qu’est dû le plus ou moins de promptitude : cette préparation doit se faire à un faible jour, ou ce qui est préférable, à la lumière d’une bougie, qui n’a pas une action aussi sensible sur cette substance. La couche étant bien sèche, la plaque peut être mise dans la chambre noire ; mais avant de faire une épreuve, il faut choisir la vue, fixer avec précision le foyer ; alors on place la plaque ou le verre à ce foyer, dans l’interieur de la chambre noire, en évitant avec soin, 1833 1839 1 De l’été 1833 jusqu’à l’automne 1839 riences publiées dans la revue Le Photographe en mai 1995, bien avant la redécouverte de ce manuscrit, nous expliquions comment nous avions échoué pour obtenir le dépôt blanc en dissolvant directement le galipot dans l’alcool alors qu’en employant cette résine légèrement calcinée à la manière du résidu, nous avions abouti à d’excellents résultats. Ce texte d’Isidore prouve que nous avions bien raisonné pour retrou- ver la technique du procédé dans le cas des résines (galipot, colophane etc.). Dans le texte publié par Daguerre, le mot calcination a été systématiquement ôté et remplacé par le mot évaporation. L’emploi de ce terme entraîne une confusion car il intervient après que l’auteur ait parlé de l’évaporation de l’alcool (celui de la solution de résidu) qui laisse un dépôt blanc. Employé de cette façon, il est impossible de com- prendre dans le texte imprimé que, la seconde fois, le mot évaporation désigne un traitement de la résine qui consiste à la chauffer pour faire évaporer certaines substances et provoquer un début de calcination. Pour ce qui est du galipot, le texte du manuel manque totalement de rigueur et ne permet pas de recons- tituer le procédé. En revanche, la procédure avec le résidu est décrite correctement ».
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