Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1223 S. 1 gent, puis exposé ( était sensible à l’action ) de la lumière, était promptement noirci ; ( mais ) il en résultait une transposition de tons : les lumières étaient noires et les ombres étaient représentées par du blanc ; puis ces tons étaient fugitifs : le même papier, présenté de nou- veau à la lumière, finissait par prendre une teinte uniforme : les parties claires devenaient insensiblement obscures, puis se confondaient avec les parties plus foncées, et l’image dis- paraissait. Mon père abandonna le nitrate d’argent, quoiqu’il eût trouvé le moyen de repla- cer les teintes dans leur ordre naturel 1 . Des perfectionnemens que mon père & mon oncle, voulaient apporter au pyréolo- phore, les déterminèrent à reprendre leur travaux mécaniques. Le brevet de dix années, daté du 3 avril 1807, était sur le point d’expirer ; alors mon oncle prit le parti de se rendre à Paris ( vers 7 bre 1816 2 ) , dans l’espoir qu’il obtiendrait facilement une prolongation du bre- vet 3 ; malheureusement, ses démarches n’eurent aucun résultat ! Mon oncle, vivement affecté par le refus du ministre du Commerce, résolut de porter en Angleterre, les amélio- rations qu’ils avaient faites à leur machine : il partit en effet sur la fin de 1817 4 . Ses pre- mières occupations, furent la simplification du mécanisme du pyréolophore ; et après y avoir apporté de notables perfectionnemens, il prit une patente pour l’Angleterre et les royaumes unis. Mon père se trouvant ainsi séparé de son frère, reprit ses expériences sur la photo- graphie : ayant recueilli sur la route de Châlon s. S. à Lyon, des fragmens de pierres qui paraissaient lui offrir quelqu’analogie avec les pierres lithographiques, il apprit que ces pierres, destinées à être broyées pour l’entretien des grandes routes, étaient extraites d’une carrière située à Chagny, petite ville placée à moitié chemin de Chalon s. S. à Beaune (Côte d’Or) 5 . Mon père se rendit sur les lieux ; il choisit plusieurs beaux morceaux de pierres jaunes, d’un grain très-fin, et les fit tailler et polir par un marbrier. Dans l’espoir que // cette découverte pourrait être avantageuse au nouvel art de la lithographie 6 , mon père adressa son échantillon à la Société d’Encouragement, avec une note, indiquant l’endroit . 1. Ces dernières lignes ne sont qu’une interprétation sommaire et scabreuse des lettres du printemps 1816, notamment celle du 5 mai (v. 247). D’ailleurs, à cette époque, Isidore n’était pas en Bourgogne. 2. Intéressante erreur, en ce qu’elle montre qu’à l’époque de la rédaction de cette notice, Isidore ignorait même que son oncle était parti (pour ne jamais revenir) en mars 1816 (v. 242). 3. Rien ne permet de penser que Claude s’était rendu à Paris pour cette raison. Il ressort de la lecture des lettres que c’était pour se lancer dans la construction « en grand » du pyréolophore. 4. En août (v. 318). 5. Remarquer que, dans l’enchaînement des idées, la photographie précède la lithographie ; ceci en opposi- tion radicale avec ce qu’on trouve à la page 16 de la brochure de 1841 (v. 236n). Remarquer également que la même phrase réunit les deux concepts, laissant croire qu’en 1816, photographie et lithographie interfé- raient dans l’esprit de Niépce. Remarquer enfin qu’Isidore ne précise pas dans quelles conditions son père entreprit la recherche de pierres propres à la lithographie : 1° à la demande de son frère Claude qui sou- haitait être agréable à Monsieur de la Chabeaussière (v. 257), 2° sans être capable de juger par lui-même de la qualité desdites pierres (v. 263, 268, 269, etc.), 3° sans faire le moindre lien avec ses recherches photo- graphiques.Isidore a encore proposé deux autres versions des supposés débuts de 1813.Selon la première, son père « fit des essais de gravures et de reproductions de dessins à l’instar de la lithographie » (v. S. 17) ; selon la seconde, à cette époque, « il conçut l’idée de fixer sur des planches d’étain préparées l’image des objets » (v. S. 25). De toutes ces contradictions, une évidence se dégage : Isidore ignora tout des origines de l’invention paternelle, comme il ignora que « l’idée de cette découverte » avait déjà fait l’objet de travaux en 1797 (v. 384). 6. Etant entendu, nous l’avons suffisamment dit, que Nicéphore n’était pas capable d’en juger par lui-même.
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