Niépce correspondance et papiers
1224 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS d’où il l’avait tiré. Voici à ce sujet la reponse de M r . le C te . de Lasteyrie, vice-président de la Société d’Encouragement pour l’Industrie nationale. [...] 1 C’est sur des échantillons de cette même pierre qu’il avait envoyée à la Société d’Encouragement, que mon père fit différens essais de reproduction de gravures 2 . Enhardi par quelques résultats, qui auraient paru à tout autre, de peu d’importance ; mais en même tems peu satisfait de la qualité de la pierre qu’il employait, mon père résolut de faire usage des planches d’étain 3 , dont on se sert pour graver la musique 4 . Je n’entrerai pas dans les détails des innombrables expériences qu’il fit pour parvenir à fixer sur ces planches métal- liques à l’aide d’une préparation, // l’image des objets qui leur était transmis par la lumière. Toutes les espèces de résines, furent soumises à ses investigations ! et dès ce moment, ses travaux firent tous les ans de nouveaux progrès. En 1822 Mon père n’était cependant pas à cette époque, tellement absorbé par ses recherches photographiques, qu’il ne trouvât le tems de s’occuper d’autres choses ! Ainsi, il était parvenu à extraire des tiges de l’asclépias de Syrie (apocyn, ou plante à la ouate) une filasse qui, convenablement préparée, et cardée, avait par sa blancheur, et sa finesse, tellement d’analogie avec le coton, qu’il était difficile de distinguer l’une de l’autre ! Cette plante, quoique originaire d’un [...] 5 pays brûlant, s’est tellement bien acclima- tée en France (j’ignore si elle résiste aux hyvers du nord de la France) qu’un seul pied, suf- fit pour la propager à l’infini ; ces racines traçantes, poussent des rejets partout, au milieu des allées d’un jardin, entre les pavés &c. Je possède encore précisement un petit bas d’enfant que ma mère a tricotté avec ce coton indigène 6 . Mon père obtint également d’une plante potagère, une fécule très-belle, très nourris- sante, bonne pour les convalescens, et les personnes faibles et délicates. Mon père trouvait aussi dans la poésie, de douces diversions à ses travaux ! Comme il conservait rarement le résultat de ses inspirations, je n’en citerai que quelques pièces [éparses] fugitives, et que j’ai pu recueillir 7 . 1. Sont transcrites ici la lettre de Lasteyrie et celle de Jomard « sur le même objet » (v. 315, 320). 2. Plus exactement,il faut constater qu’en novembre 1816 Nicéphore déclarait avoir employé « la même pierre que celle qu’il avait envoyée à la Société d’Encouragement », mais pour faire exécuter par Isidore une « gra- vure lithographique » représentant un détail du pyréolophore (v. 280). Ceci était donc sans rapport avec ses travaux photographiques (v. S. 17). On notera d’autre part qu’en juin 1816, avant même qu’il fût question de lithographie, Nicéphore se proposait de préparer une pierre « qui remplacera le papier, et sur laquelle l’image colorée doit se peindre » (v. 254). 3. Ceci 10 ans plus tard (v. 399). 4. V. S. 17n. L’impression des partitions musicales se faisait effectivement au moyen de plaques d’étain gravé. Isidore Niépce est le seul à donner cette information sur les plaques d’étain que son père employa. 5. Mot illisible sous la rature. 6. Isidore exposera cette paire de petits bas en septembre 1867 (v. S. 52). Ils font maintenant partie de la col- lection Janine Niepce. 7. V. 338n. On ne peut que constater l’étrange destinée de ces documents qui, plusieurs fois annoncés, n’ont cependant jamais été publiés. Supplément
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