Niépce correspondance et papiers
122 8 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Supplément S. 5 Lettre (Coll. J.N.). Inédit Paris, 24 avril 1862. Astier à Isidore. Paris ce 24 avril 1862 Cher Monsieur Niepce, Les renseignements que vous m’avez donnés m’ont fait arriver de suite à un résultat, et ce résultat est d’une haute portée. J’ai un ami au ministère de l’Intérieur et cet ami, homme aussi bienveillant que distin- gué par son intelligence, chef d’un service important, connaissant tout le personnel et jouis- sant d’une considération qui va jusqu’à l’influence, a été trouver M. Trigand de Beaumont à qui on attribue l’opposition qui a fait ajourner les premières démarches de vos compatriotes. M. Trigand de Beaumont a expliqué le veto ministériel par l’inopportunité et en quelque sorte l’inconvenance d’une souscription à ouvrir en concurrence avec les appels à la bienfaisance publique, à une époque calamiteuse où la charité ne suffisait pas à porter remède aux misères des populations de vos départements. // Aujourd’hui, il n’en est plus de même, et M. Trigand de Beaumont a déclaré ne voir aucun empêchement possible à la réalisation du vote du conseil municipal de Chalon. Les titres de votre illustre père n’ont été de sa part l’objet d’aucune contestation. Voici donc ce qu’il y a à faire : Adresser une nouvelle demande au ministre. Il n’appartient qu’au corps municipal de Chalon d’en prendre l’initiative 1 . Cette demande arrivera au ministère par le canal préfec- toral. Le préfet actuel étant bien disposé, les choses se feront vite. Il importe qu’elles se fassent vite, car aujourd’hui est aujourd’hui, et demain nous sus- citerait peut-être (qui peut savoir ?) une question nouvelle d’inopportunité. La pétition arrive au ministère et alors, cela nous regarde. Pardonnez-moi de prendre ce ton de mouche du coche. On se charge d’écarter toute opposition. Je considère le succès comme infaillible. En pareille affaire, tout consiste à avoir des intelligences dans les bureaux. Vous savez le vers de Gilbert 2 : “Ayez pour vous le Roi ! nous aurons les commis” Agissez donc. Ne perdez pas de temps. Voyez avant // tout M. le Maire de Chalon. J’attends encore la visite que vous m’avez annoncée pour a semaine de Pâques. Croyez-moi votre très-sincèrement dévoué Astier P.S. Ma lettre est confidentielle en ce sens que je désire qu’elle ne sorte pas de vos mains. Mais autrement vous pouvez vous en servir et même la faire lire. Je ne demande qu’à entrer en relations avec les personnes de bonne volonté que vous pourriez m’adresser. Il n’y a de ma part aucune arrière pensée d’amour propre égoïste et jaloux. Le succès d’une noble cause, voilà ce que je veux, sans spéculation de gloriole. Quand on a fait ce qu’on jugeait bon et juste, on est assez rémunéré ipso facto. 1. Le Conseil municipal fut effectivement relancé par J.F. Prouvère, notaire à Chalon. Ledit Prouvère écrivit à Isidore le 26 juin 1862 (coll. J.N.). L’affaire n’eut pas de suite. En 1865, Fouque reviendra à la charge, sans plus de succès (v. S. 6). 2. Laurent Gilbert (1751-1780).
RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==