Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 12 51 S. 18 pierres cassées, destinées à réparer la grande route de Chalon à Lyon, et qui provenaient des carrières de Chagny, lui parurent susceptibles, par la finesse de leur grain, d’être utilement employées à la lithographie 1 . Nous choisîmes les plus grandes, que mon père fit polir par un marbrier de Chalon ; je fis sur elles différents dessins, ensuite elles furent enduites par mon père d’un vernis qu’il avait composé ; puis il grava mes dessins au moyen d’un acide 2 . Mon père trouvant que les pierres n’avaient pas le grain suffisamment fin et régulier 3 , il les remplaça par des planches d’étain 4 poli, et y grava de la musique 5 ; il essayait sur ces planches divers vernis de sa composition, puis il appliquait dessus des gravures qu’il avait préalablement vernies, afin d’en rendre le papier transparent, et il exposait ensuite le tout à la lumière de la fenêtre de sa chambre : Voilà le commencement, bien imparfait, si vous voulez, de l’héliographie. Mon père ne parlait de ses recherches qu’à son frère et à moi. Lorsqu’il écrivait à mon oncle, il usait d’une grande réserve à l’égard de ses travaux, dans la crainte que ses lettres soient perdues et ouvertes. Quant à moi, j’assistais presque tous les jours à ses expériences, et je prenais part à ses travaux 6 . S. 18 Lettre (Coll. J.N.). Inédit S.l., le 7 mars 1867. Fouque à Isidore. Mon cher Monsieur Niépce, Je regrette infiniment que vous n’ayez trouvé aucune lettre de M. votre oncle dans les- quelles il serait question des expériences héliographiques de M. votre père ; surtout de 1820 à 1825 ; car je n’ai rien d’inédit sur cette époque. Aussi, je vous prie de vouloir bien fouiller de nouveau votre mémoire, et de me mander ce que vous savez, soit de visu, soit par des témoignages d’autrui, des opérations héliographiques de votre père. Bonne note est prise de ce que vous me dites du portrait de Pie VII, du général Poncet et d’Alphonse Giroux, et je m’en servirai : mais c’est bien peu. Mr. Giroux est mort depuis longtemps ; j’ai été employé chez lui, en qualité de principal commis, de 1821 à 1824. S’il vivait, ce serait la dernière personne à laquelle je m’adresserais pour avoir des renseigne- ments ; car rien n’était boutonné comme cet homme ; et je mets au défi qui que ce soit, d’avoir connu l’une de ses pensées ; il fallait toujours prendre le contre-pied de ce qu’il disait pour savoir à peu près la vérité. . 1. Date et faits erronés. Quant à « l’admiration » de Niépce pour la lithographie à cette époque-là, on sait ce qu’il faut en penser. 2. Il ne s’agissait pas d’un procédé photographique. On comprend difficilement que Fouque, demandeur des supposés éclaircissements fournis ici (v. S. 16), ne se soit pas interrogé sur cette date de 1813. Il lui suffisait, par exemple, de faire le rapprochement avec la lettre du 19 novembre 1816 (v. 280). 3. Nicéphore n’avait aucune idée sur la question ; c’est Lasteyrie qui lui signala les « inégalités de grain » de sa pierre (v. 315). 4. Nous avons déjà dit que 10 ans séparent ces deux étapes. 5. Ceci est sans rapport avec ce qu’Isidore avait écrit dans les années 1840, prétendant alors que son père « résolut de faire usage des planches d’étain, dont on se sert pour graver la musique » (v. S. 1). Les deux ne sont certes pas incompatibles mais on ne dispose d’aucun indice autorisant à croire que Nicéphore ait gravé de la musique. 6. Pieux mensonge sans doute, mais bien dommageable à l’Histoire.

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