Niépce correspondance et papiers
12 58 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Supplément S. 24 Lettre (Coll. J.N.). Inédit Salornay-sur-Guye, 18 avril 1867. Fouque à Isidore. Salornay sur Guye, 18 avril 67 Cher Monsieur Niépce, L’histoire des découvertes scientifiques modernes, par M. Louis Figuier, n’est pas un ouvrage nouveau ; il existe depuis plusieurs années, il forme quatre volumes grand in-18 Jésus ; l’un d’eux renferme, entre autre chose, la photographie, la télégraphie ; &c. Depuis quelques mois, Mr Figuier publie, par livraisons, une nouvelle édition de son ouvrage, format grand-in 8°, avec gravure dans le texte ; il y a je crois, une dixaine de livraisons en vente. Je conçois qu’il doit être fort agréable à Mr Figuier ou à son éditeur, de se procurer un portrait tout fait, afin de ne pas avoir la peine de le faire faire ; mais il n’en est pas de même en ce qui me concerne. En effet, il ne peut me convenir de voir qui que ce soit, se servir d’un portrait fait exclusivement pour mon livre, et je tiens essentiellement qu’il ne ( serve ) pas à d’autre ouvrage que le mien ; // Je préférerais, si vous avez pris des engagements envers Mr Figuier ou tout autre personne, de ne pas ajouter à mon livre le portrait que j’ai annoncé ; ou plutôt, j’aviserais à m’en procurer un autre autrement. Car si je consentais à ce qu’une autre personne emploie pour un autre ouvrage le portrait destiné au mien, c’est comme si je permettois que l’on prenne une partie de mon texte ; car portrait et texte, ne doivent faire qu’un même tout. Mon volume sera bien assez pillé clandestinement par les valeurs littéraires, comme l’ont été la plupart de mes autres ouvrages, notamment mon Histoire de Chalon, les Recherches historiques sur les archers, les arbalétriers et les arquebusiers, la révolution communale au Moyen-Age, &c, sans que j’y prête la main volontairement par avance. Ainsi donc, cher Monsieur Niépce, je m’oppose de toutes mes forces à ce que toute autre personne que moi, se serve du portrait destiné à l’histoire de Mr votre père, que je compose ; je vous prie d’agir en conséquence ; j’ose espérer que vous comprendrez le sen- timent qui me fait agir ainsi ; vous priant en outre de me fixer à cet égard, et de me dire si je dois ou non compter sur ce portrait que vous // avez bien voulu m’offrir et me pro- mettre ; autrement j’aviserais à m’en procurer un autre qui serait à moi exclusivement. Et afin d’éviter toute supercherie, car je connais le savoir faire de certains éditeurs peu déli- cats, je tiens à ce que la planche ou le cliché qui servira au tirage dudit portrait reste dans nos mains ou dans des mains sûres, afin d’éviter tout tirage clandestin. Grâce à la précieuse correspondance que vous avez bien voulu me confier, mon livre (vanité à part) est plein d’intérêt, et mon récit n’a aucun rapport avec ce qui a été fait jus- qu’à ce jour ; il réfute surtout ce que divers auteurs ont écrit sur M. votre père, et au moyen de cette correspondance, je détruis les âneries des Lacan, des Figuier, des Francis Weil et autres qui les ont répétées à l’envi les uns après les autres, et qui ont dit les mêmes absur- dités 1 , et présenté votre père tout autre qu’il était ; selon eux, c’était un homme à moitié 1. Voici ce qu’avait écrit Figuier en 1851 : « [...] Niepce, pour tout dire, était un demi-savant. La race des demi- savants est assez dédaignée ; l’ignorance surtout aime à l’accabler de ses mépris ; cependant il est peut-être bon de n’en pas trop médire : les demi-savants font peu de mal à la science, et, de loin en loin, ils font des trouvailles inespérées. Précisément parce qu’ils sont malhabiles à apprécier d’avance les éléments infinis d’un fait scientifique, ils se jettent du premier coup en travers des difficultés les plus ardues, ils touchent
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