Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 12 6 7 S. 3 1 presse l’imprimeur de toutes mes forces, désirant que mon volume soit mis en vente le 15 juillet au plus tard. Comme vous voyez, il n’y a pas un moment à perdre. Aussi, je vous prie de vous occuper très sérieusement du portrait ; si vous ne me le livrez qu’à la fin de ce mois, il me sera impossible de faire paraître le livre le 15 juillet : pressez donc ; je vous prie la confection de la planche. J’éprouve de mon côté un grand souci pour la reproduction de l’acte de société Niépce- Daguerre, de 1829. Nous avions d’abord pensé le faire sous la forme de fac-simile ; mais nous // avons dû y renoncer. Nous allons alors employer le procédé de votre père et le reproduire par le système photographique 1 , ce sera beau et très exact, mais cela coûtera fort cher. Il ne m’est plus permis de reculer. Mon manuscrit est complet ; je pense que le volume aura environ 17 feuilles (soit 272 pages à peu près) 2 . Je fais la copie pour l’imprimeur au fur et à mesure de l’impression et naturellement, je corrige ce qui ne me paraît pas suffi- samment bien. Je ne sais, si je m’illusionne, (vous savez que le hibou trouve ses petits jolis) mais il me semble que j’ai fait un bon livre, qui, s’il est placé en bonnes mains à Paris, aura du retentissement : Dieu veuille qu’il en soit ainsi. Le papier que j’emploie est fort beau ; vous en jugerez au premier jour, je vous enver- rai un exemplaire de la première feuille contenant la préface dans laquelle est exposé le plan du livre. En un mot, je fais tout mon possible pour que mon volume // soit digne de celui qui l’a inspiré. Dans tous les cas ; s’il n’est pas écrit avec ce style fleuri des Parisiens ; il sera l’œuvre la plus complète sur l’invention de la photographie ; et la façon dont le sujet est traité, ne laissera aucun doute, je l’espère, sur l’usurpation de Daguerre. Je vous remercie des renseignements que vous me donnez sur la date des décès de votre père et de votre oncle. Je suis allé il y a environ un mois à St. Loup compléter mes renseignements sur le Gras, sur le prétendu cippe de M. Lépine 3 , &c. Je suis allé au cime- tière et j’ai copié l’inscription qui est sur la tombe de votre père. Cette inscription fixe sa mort au 3 juillet ; mais nous devons nous fier au registre de la commune de St. Loup 4 . Ce jour là, j’ai appris que le Conseil municipal délibérait sur la demande d’une conces- sion à perpétuité du terrain où repose votre père : je n’en connais pas le résultat ; si vous le connaissez, veuillez me le dire par votre première lettre. J’ai trouvé à St. Loup, sous le jardin de votre habitation, dans les champs, sur les côtés de la route, de nombreuses // traces de l’un des travaux de votre père ; ces traces sont de nombreux plants, soit par groupes, soit isolés, de pastel-indigo, en pleine floraison, et que j’ai parfaitement reconnus à la description que j’en donne dans mon livre. C’est inouï qu’après plus d’un demi-siècle, cette plante ait survécu sans culture ; cependant on cessera de s’étonner, si l’on considère que la graine de pastel est très-légère, qu’elle est très facile- ment enlevée par le vent, et qu’elle se sème naturellement. Je vous recommande de nouveau le portrait, et j’en attends une épreuve avec la plus vive impatience ; mais surtout la planche gravée pour faire imprimer le nombre d’exem- plaires dont j’ai besoin. Faites en sorte, je vous prie, que la publication du livre ne soit pas . 1. V. S. 38n. 2. Il en aura 282. 3. V. S. 9, S. 11, S. 25, S. 26. Fouque a consacré trois pages féroces à son endroit, en prenant la précaution de ne pas le nommer (V.F. p. 250). Il est vraisemblable que son sentiment sur « la personne qui a fait graver cette sorte d’écriteau » et sur « la chose » (« le prétendu cippe »), porta un rude coup aux liens qui unissaient Isidore à son « vieux Lépine ». 4. De fait, Fouque prendra la liberté de reproduire l’épitaphe en remplaçant 3 par 5 (op. cit. p. 177).
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