Niépce correspondance et papiers
12 7 2 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Supplément S. 36 Extrait de lettre (Coll. M.B.). Inédit Givry, 26 juin 1867. Isidore à Eugène. [...] Désirant cet été, m’occuper de photographie, envoie moi donc la liste des substances chimiques qui me seront nécessaires (avec leurs prix) pour une 50aine d’épreuves, attendu que j’en perdrai bien autant que j’en emploirai pour faire 2 ou 3 épreuves réussies. Mr. Coste ne se sert pas de cyanure de potassium ; que prend-on pour le remplacer ? As tu vu Abel ? Que dit-il de l’épreuve que je lui ai envoyée ? Elle manque de ton, mais le graveur peut y suppléer. Presse Abel afin // qu’il tienne la main à ce que le graveur s’occupe très sérieusement de l’ouvrage en question, au sujet du quel Mr. Fouques m’a encore écrit ce matin, en me demandant cette planche pour la fin du mois, qui est bien près de son terme : dis-moi ce qu’Abel t’aura communiqué à ce sujet. Je finis car il se fait tard, et t’embrasse de tout mon cœur. Ton père I re Niépce As-tu des nouvelles d’Alphonse et de sa femme ? S. 37 Lettre (Coll. J.N.). Inédit S.l.n.d. Abel Niépce de Saint-Victor à Isidore. Mon cher cousin, Je viens de donner à Mr. Garnier 1 , graveur héliographe, l’épreuve que vous m’avez envoyée, seulement il va falloir la décoller 2 & il eut été préférable qu’elle ne le fut pas. J’espère que Mr. Garnier qui vient d’obtenir un grand prix pour son procédé de gra- vure héliographique nous donnera une planche qui permettra d’obtenir de bonnes épreuves & en très grand nombre 3 . 1. Henri Garnier, 8 rue du Pourtour de l’Eglise à Grenelle (Paris) était un ancien orfèvre de Chartres (J.M.V.). C’est l’un des grands noms de l’histoire de la photogravure. Souvent associé avec Salmon, Garnier reçut de nombreux prix pour ses procédés photomécaniques. En cette année 1867, le jury de l’Exposition univer- selle, dont Niepce de Saint-Victor était l’un des membres, lui avait décerné le Grand Prix de Photographie. Il avait présenté le procédé de photogravure suivant : une plaque de cuivre était recouverte d’une gomme bichromatée qui durcissait partout où la lumière avait pu agir à travers le positif pendant l’exposition et qui restait déliquescente là où la lumière n’avait pas pénétré. On répandait alors une poudre résineuse impal- pable ou bien de la cendre passée au tamis de soie n° 180. On faisait ensuite cuire la planche puis on l’atta- quait avec du perchlorure de fer. La morsure variait selon l’importance de la protection que la poudre rési- neuse assurait au cuivre. On obtenait ainsi une planche en taille-douce (d’après G.C., p. 183). 2. On aura remarqué que le procédé de Garnier (v. supra) qui présente une grande analogie avec celui de Nicéphore, produit de même une planche gravée à partir d’un positif. C’est pourquoi, il était nécessaire de décoller la pellicule photographique de l’épreuve sur papier fournie par Isidore. 3 . Il peut paraître surprenant que Niepce de Saint-Victor, inventeur d’un procédé de photogravure sur acier, ne se soit pas chargé pas de réaliser lui-même la planche représentant le buste de son parent.Mais il semble que la mort d’Adolphe Riffaut, en 1859, ait mis un terme à la pratique de ce procédé qui d’ailleurs avait été supplanté par d’autres ne nécessitant plus l’intervention d’un graveur.
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