Niépce correspondance et papiers

12 80 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Supplément S. 46 Lettre (Coll. J.N.). Inédit Chalon-sur-Saône, 19 juillet 1867. Fouque à Isidore. 19 juillet 67 Cher Monsieur Niépce, Je profite de l’obligeance de Mr. Bourgeois (qui n’a pu aller chercher le buste de votre père ce matin, ainsi que je vous l’avais annoncé hier) pour vous faire parvenir cette lettre ; vous priant, si vous le pouvez me répondre par Monsieur Bourgeois. Dans les notes que vous avez bien voulu me donner le 10 septembre 1865, vous fixez la mort de Claude Niépce, votre aïeul, de 1782 à 1787 ; j’avais pris une moyenne, en fai- sant mourir Claude vers 1785 à Dijon 1 : nous nous sommes trompés l’un et l’autre. En faisant ce matin (pour quelqu’un) des recherches dans mes bucoliques de l’époque de la Révolution, le hasard, (ce brave dieu qui nous est si souvent propice à nous autre chercheurs opiniâtres) m’a fait tomber le nez sur la signature Niépce-Barrault ; cela m’a // fait dresser l’oreille comme à un chien d’arrêt à la [...] vue d’un gibier quelconque. Or, voici ce que j’ai lu sous la date du 28 août 1792 : cinquante notables de Chalon, y compris votre grand-père, “ont prêté serment (ledit jour) d’être fidèles à la nation, de main- tenir la liberté, l’égalité et de mourir en les défendant” et ils ont signé leur serment. Evidemment Claude Niépce n’était pas mort le 28 août 1792 ; cette signature ne pouvait pas être celle de Nicéphore, ni de son frère Claude, car à cette époque ils étaient en service, Claude dès le 19 décembre 1791 2 , et Nicéphore dès le 10 mai 1792 ; ce ne pouvait pas être non plus celle de Bernard qui n’ayant pas encore 19 ans ne pouvait être notable : donc c’est bien la signature de votre aïeul 3 . Mais il était mort en mai 1797 ; car je trouve dans mes documents de cette époque que “Claude Barrault, veuve Niépce, usufruitière de Claude Niépce, en son vivant receveur des consignations ; et Bernard Niépce son fils, cohéritier tant pour lui que pour ses frères et sœur, héritiers de Claude Niépce sus // nommé.....” Cette mention que je viens de copier est le protocole d’une contestation au sujet d’un mur mitoyen et d’une terrasse de la maison de la rue de l’Oratoire avec “Antoine Potheret et Jean Vallier, chapeliers ...” 4 Que dites vous de tout cela, cher Monsieur ? Ne pensez vous pas que Claude est mort entre 1792 et 1797, au lieu de 1782 et 1787, comme vous me l’aviez dit ? Si vous savez la date exacte du décès de votre aïeul, je vous prie de me l’envoyer par Monsieur Bourgeois. Mr. votre fils n’a pas répondu à ma lettre de lundi ; c’est qu’il n’a rien de bon à me dire, sans aucun doute. Heureusement que Monsieur Bourgeois veut bien me faire quelques épreuves en attendant cette malencontreuse planche 5 . 1. Sans commentaire. En tout cas, Fouque était tombé juste : Claude Niépce père était effectivement mort en 1785 (v. 9). Ce n’est pourtant pas ce qu’il publiera (v. S. 46 post-scriptum). 2. Erreur (v. 55). 3. Deux erreurs. D’abord il s’agissait bien de la signature de Bernard, lequel n’avait pas 19 ans, mais avait fêté ses 26 ans quinze jours plus tôt.Ensuite il ne prêtait pas serment en tant que notable de Chalon mais comme pensionnaire de l’Etat (v. 78). Cette seconde erreur est du plus grand intérêt, car elle montre à quelle fantai- sie Fouque était capable de se livrer. 4. Nous ne connaissons pas cette affaire. 5. De fait, le livre de Fouque fit l’objet d’une édition provisoire. L’exemplaire conservé à la Bibliothèque Nationale sous la cote Ln 27 . 23462, en fait partie ; à la place de la photogravure attendue, Fouque a fait col- ler l’un des tirages exécutés par Bourgeois.

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