Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 12 87 S. 56 Dès ce jour, le savant Niepce disparais- sait derrière l’habile Daguerre. Charles Chevalier fit un ou plusieurs gros volumes pour établir que c’est à lui que la France est redevable de l’alliance de ces deux hommes de génie. Cette alliance dura peu. Le 5 juillet 1833, Niepce mourait d’une congestion cérébrale. Son fils lui succéda dans l’association. Mais dès lors, Daguerre s’attribua la préséance. M. Isidore Niepce était d’une remar- quable faiblesse. Il accepta le rôle effacé que lui donnait Daguerre, et en 1837, il consen- tit à signer un traité dans lequel Daguerre insinue que les perfectionnements apportés par lui avaient beaucoup plus d’importance que l’invention elle-même. A peine le traité était-il signé, que le nom de Daguerréotype était donné aux productions de la société. M. Isidore Niepce protesta, mais molle- ment, et en juin 1839, comme pour consa- crer sa gloire, Daguerre faisait accepter à son faible associé un traité par lequel l’Etat payait la découverte 6,000 fr. de rente pour lui, et 4,000 seulement pour Isidore Niepce. La loi fut votée. Au mois d’août de la même année, Arago communiqua les procé- dés achetés par l’Etat, à l’Académie des sciences ; mais —je n’accuse pas, je cons- tate— ne cita pas une seule fois le nom de Niepce dans son rapport 1 . Le pauvre grand homme eût été absolu- ment oublié sans un heureux hasard. En 1827, il avait envoyé à M. Bauer des gravures héliographiques de tous points semblables à celles qu’Arago attribuait en 1839 à Daguerre seul. Ce fait suffit à quelques amis de la vérité pour rétablir petit à petit l’histoire réelle de la découverte. Aujourd’hui cela ne doit plus faire de doute pour personne. Daguerre mourut en 1851. Naturel- lement, on lui éleva un monument par sous- cription, tandis que le gouvernement n’a pas encore autorisé la souscription au monument de Niepce, pour laquelle le conseil municipal de Chalon a voté sponta- nément une allocation de 5,000 francs ! Un mot pour finir. Je le trouve encore dans le livre remarquable de M. Fouque. Si Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photo- graphie, est à peu près inconnu des masses, il n’en est pas de même de M. Niepce de Saint-Victor, son cousin. Celui-ci fait, depuis 1854, d’heureuses études sur la photographie. Il a obtenu de grands succès, mais n’a jamais travaillé avec Daguerre. Il a toujours livré au public, avec le plus complet désintéressement, le résul- tat de ses recherches. C’est un homme de bien, qui n’a jamais voulu entrer dans la lice pour dire son fait à Daguerre. Laissant à d’autres ce soin, il a préféré donner sa vie entière à des travaux qui contribueront à la gloire de sa famille, alors que le nom de Nicéphore Niepce sera connu de tous comme il mérite de l’être. Alfred d’Aunay S. 56 Extrait de lettre (Coll. M.B.). Inédit Givry, 17 février 1868. Isidore à Eugène. [...] Je te remercie mon cher ami, du Figaro que tu m’as envoyé, car l’article de // Mr. d’Aunay, m’a prouvé qu’il n’avait fait qu’effleurer le livre de Fouque, sans en appro- Supplément 1. Confusion avec le rapport de Gay-Lussac à la Chambre des pairs. Le nom de Niépce n’y fut effectivement pas cité une seule fois (v. 630).

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