Niépce correspondance et papiers
1294 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice Pritchard, éditeur du Photographic News, qui, décédé deux semaines plus tard, l’abandonna à sa veuve. Pourtant, en 1917, à la mort de Mme Pritchard, il resta introuvable et lorsque, dans les années 1950, Gernsheim entreprit de le rechercher, M. Pritchard fils déclara igno- rer ce qu’il était devenu, puis mourut lui-même quelques semaines plus tard, laissant dans ses papiers le ticket de consigne d’une malle ayant appartenu à sa mère et restée en dépôt à Londres depuis 1917 ! C’est ainsi qu’en 1952, sa veuve y trouva le fameux point de vue pris de la fenêtre du Gras, puis se laissa convaincre d’en faire don à Gernsheim. App. II ANTOINE BARAULT On trouve dans un manuscrit de Guillaume Boichot 1 publié par Lebas de Courmont 2 , quelques souvenirs sur le grand-père maternel de Nicéphore. Châlons-sur-Saône, berceau de mon enfance, est dans une situation charmante, mais cette ville ne m’offrait point les chefs-d’œuvre que renferme Florence et Rome. J’eus donc le bonheur de trouver dans ma patrie un magistrat 3 , homme docte et amateur des arts 4 qui me prit tellement en amitié, qu’il m’inspirait lui-même l’amour du vrai beau ; et quelques tableaux, beaucoup d’estampes des écoles romaines et florentines, principalement, ainsi que les gravures de toutes les statues et bas reliefs antiques dont il était possesseur 5 , devinrent mes premiers maîtres. Comme il y avait alors à Châlons deux mauvais peintres et deux sculpteurs, plus que médiocres, j’allais quelquefois chez les deux premiers dans l’intention de connaître leur procédé, mais leur ouvrage ne m’inspirait point de confiance. Un jour, voulant donc essayer de peindre chez l’un d’eux, et profitant de son absence, son fils qui était de mon âge se prêta à mon désir et me pro- cura une palette et des pinceaux, puis nous prîmes une petite toile sur laquelle je traçai une figure ; mais lorsque je voulus charger ma palette ainsi que je l’avais vu faire au peintre, il nous 1. Sculpteur, né à Chalon-sur-Saône (1735-1814). Le talent de Boichot, artiste éminent, célèbre en son temps, fut abondamment loué, notamment par Jean-Gervais Labène qui lui rendit cet hommage : « Pour la sculp- ture, nous avons Boichot et Giraud. Je ne terminerai point cet article, sans inviter le comité d’Instruction publique,si zélé pour la gloire des arts,à faire jeter en bronze l’Hercule français que va nous donner Boichot. Quelle expression dans ce morceau de sculpture ! Quelle tête ! ... il semble qu’elle va parler. Ceux qui vou- dront se faire une idée du style de l’école florentine, n’ont qu’à aller voir ce chef-d’œuvre : ils y trouveront cette correction de dessin, cette majesté idéale, cette fierté austère, cette composition simple et sublime qu’il est si à souhaiter qu’on introduise parmi nous. Pourquoi ne dépenserait-on pas 50 mille francs pour conserver un monument qui peut faire époque dans la régénération des arts, et qui, j’ose le dire, pourra un jour servir de modèle aux jeunes artistes ? » (J.G.L. p. 216). 2. In C.C.L.C. Lebas de Courmont fut « lié intimement » avec Boichot pendant quarante huit ans (ib. p. 1). Bien que Fouque ne l’ait pas mentionné, c’est de cet ouvrage qu’est tiré le contenu de sa note sur Antoine Barault (V.F. p. 20). Révélatrice de la fantaisie dont il n’a pu se défendre tout au long d’une publication qu’il avait pourtant souhaitée rigoureuse, cette note, prétendant servir la vérité, la dénature sur ce point égale- ment. 3. « M. Barault, conseiller au présidial, qu’il nomme ensuite son mécène » (C.C.L.C. n. p. 6). Pas davantage que les documents auxquels nous avons eu accès, Lebas de Courmont n’a prétendu que son ami Antoine Barault avait été un « célèbre avocat » (V.F. p. 20). Cette erreur, comme tant d’autres, a été introduite par Isidore (v. S.7, S.8). 4. Et non « amateur fort distingué des beaux-arts » (ib.). Par là, Boichot signifiait clairement que son mécène était féru de science tout autant que d’art (v. 105). Nous avons plusieurs fois signalé la confusion entre arts et beaux-arts qu’ont entretenue de nombreux auteurs. 5. Faits qui méritent d’être soulignés. Ils montrent que Nicéphore fut élevé dans un milieu, au moins du côté maternel, sensible à l’image.
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