Niépce correspondance et papiers

1324 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice – Capitaine que puis-je faire pour vous? – Je suis aux ordres de votre Majesté. – Vous entrerez dans la maison militaire de mon frère Jérôme. Quelques jours après, le capitaine Niepce faisait partie de la garde du roi de Westphalie. Cette prodigieuse mémoire du cœur de l’Empereur se révéla encore quelques années plus tard, et dans des circonstances où les événements auraient pu l’altérer. C’était en 1815. Napoléon revenait de l’île d’Elbe 1 , traversait en toute hâte Sennecey pour reprendre sa couronne tombée à la suite des désastres de 1814. Pendant qu’on changeait à la poste les chevaux de sa voiture, il apprend qu’il est à Sennecey et se souvient de Madame Prieur. Trop pressé pour se rendre lui-même auprès d’elle comme à son retour d’Egypte, il la fait prier de venir à la poste, l’accueille avec le même respect et la même bonté, s’informe 2 de sa position et lui offre encore de l’attacher à la maison de l’Impératrice. Madame Prieur refusa tout en ajou- tant qu’elle était heureuse et n’entendait pas quitter la vie retirée à laquelle elle s’était vouée depuis la mort de son mari [...] § 2. Victor Fouque 3 . [...] On a vu que Madame Pierrette Prieur, fille de Laurent Niépce, avait épousé Jean-Baptiste Prieur, receveur des gabelles à Seurre. Une émeute, occasionnée par la cherté du pain, éclate tout- à-coup dans cette ville; des artilleurs sont envoyés d’Auxonne pour réprimer le désordre. Parmi les officiers qui les commandaient, se trouvait le jeune lieutenant Bonaparte, qui fut, comme ses camarades, admis sous le toit hospitalier de M. Prieur. Madame Prieur, femme supérieure et d’un rare mérite, faisait les honneurs de sa maison avec autant de grâce que de distinction. Le jeune Bonaparte, qui s’était fait remarquer par son maintien réservé et son caractère affectueux, reçut de ses hôtes un accueil tout particulier, dont il conserva toute sa vie la plus vive reconnaissance, et qu’il témoigna à la famille Niépce, notamment en trois circonstances, devenue pour elles des événements mémorables. Madame Prieur ayant perdu son mari s’était retirée auprès de sa vieille et vénérable mère à Sennecey. Le général Bonaparte, revenant d’Egypte, apprend en traversant Sennecey, que Madame Prieur habitait ce bourg. Accompagné de Vivant Denon, il se dirige vers la demeure de cette dame, dont il reçut l’accueil le plus empressé. Le général et son compagnon acceptèrent l’in- vitation à dîner qui leur fut faite avec la plus grande cordialité. Entre autres objets d’art qui ornaient le salon, les convives de Madame Prieur admirèrent la copie réduite de plusieurs tableaux du célèbre peintre Lebrun représentant les batailles d’Alexandre, que le trisaïeul du colonel Niépce, Pierre Niépce, amateur fort distingué des beaux-arts, avait fait copier par un peintre habile sous la direction même de Lebrun. Ces tableaux sont encore aujourd’hui l’orne- ment du salon du colonel Niépce. En 1805, l’empereur Napoléon, accompagné de l’impératrice Joséphine, se rendit à Milan, où l’attendait la couronne de fer des rois de Lombardie; après être resté vingt-quatre heures à Chalon, Leurs Majestés arrivèrent à Sennecey le 7 avril; et comme il l’avait fait à son retour d’Egypte, Napoléon visita Madame Prieur; il offrit à cette dame de l’attacher à la maison de sa 1. Il avait débarqué au Golfe Juan le 1 er mars 1815. Le 7, il était à Grenoble, le 10 à Lyon. 2. Ici s’arrêtait, « sur une déchirure », l’exemplaire du manuscrit familial détenu par Armand-Calliat (L.A.C.2 p. 19). 3. Il importe de rappeler que la « matière » de son récit lui fut fournie par le colonel David Niepce en personne (v. S. 35).

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