Niépce correspondance et papiers

1326 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice mère; Madame Laetitia Bonaparte: mais elle refusa. L’Empereur daigna s’informer du neveu de Madame Prieur, le futur colonel Niépce, alors capitaine au 6 e hussards. A son retour de l’île d’Elbe, en 1815, l’empereur Napoléon à son passage à Sennecey, malgré ses graves préoccupations, voulut revoir encore une fois Madame Prieur; il insista de nouveau auprès d’elle pour lui faire accepter une haute position à la cour; mais elle refusa encore, à cause de son grand âge, de sa modestie et surtout de son caractère indépendant et désintéressé [...] § 3. Antoine-Edme Rathier 1 . [...] Lors de la suppression des ordres religieux, les moines de Cîteaux ne furent pas d’accord avec l’abbé au sujet de la dépouille de la maison 2 . Le district de Dijon, informé que quatre tonneaux remplis d’argenterie allaient être enlevés, y envoyèrent des commissaires dont l’autorité fut méconnue par les moines. Les commissaires ayant demandé main-forte au département, j’y fis passer une compagnie du régiment d’artillerie alors en garnison à Auxonne, dont Bonaparte, alors lieutenant, avait le commandement. Pendant que les commissaires, soutenus de cette force militaire, faisaient l’inventaire du mobi- lier et évacuer la maison par les moines, Bonaparte, ennuyé de ce séjour maussade au milieu des bois, laissa le commandement à son sergent-major et se rendit à Seurre, petite ville voisine 3 . Le jeune officier y fut accueilli et bienvenu dans les meilleurs maisons; il s’attacha surtout à la société de Madame Prieur, dont le mari, âgé, avait été président du grenier à sel 4 . On a la certi- tude que la dame, assez jeune et jolie, ne lui fut pas cruelle 5 . Bonaparte, obligé de retourner à son corps et laissé depuis dans les armées, semblait l’avoir oubliée; cependant, à son retour d’Italie, en l’an V 6 , et ramenant avec lui M me . Murat, sa sœur, encore fille, et qu’il venait de retirer d’une maison d’éducation, il ne put s’empêcher de se détour- ner de sa route, et se rendit à Seurre dans une auberge, d’où il fit dire à M me . Prieur qu’un de ses amis intimes, fatigué du voyage et ne pouvant se transporter chez elle, désirait qu’elle vînt le voir. M me . Prieur hésita beaucoup à se rendre à l’invitation. Elle ne fut pas peu surprise de reconnaître Bonaparte, et surtout de le trouver dans la compagnie d’une jeune personne qu’elle croyait tout autre qu’une sœur. Bientôt elle fut mise au fait et une tendre reconnaissance eut lieu entre eux. M me . Prieur devenue veuve 7 , ne put que suivre en idée son héros dans son voyage d’Egypte, et ne put se trouver en position de le revoir que lors de son retour de Marengo, passant à Chalon-sur- 1. Souvenirs publ.in M.S.B.G.H. ,t.IV ,1886.Rathier fut membre du Conseil général du district d’Auxerre en 1791, directeur du département de l’Yonne en juin 1792, président de l’administration départementale en l’an VIII, puis sous-préfet de Tonnerre. 2. Note de Rathier : « Selon M. de Coston, lieutenant-colonel en retraite (en 1839), la présence de la troupe à Cîteaux dura environ un an, le temps de l’inventaire ( Essai historique sur la ville de Nuits , par Henri Vienne ; 1845). » 3. Note de Rathier : « M. de Coston, dans sa lettre de 1839 (op. cité ci-dessus) prétend que Bonaparte était alors en garnison à Seurre et qu’il allait souvent à Cîteaux, pendant tout le temps de l’inventaire, rendre visite à ses camarades. » 4. En réalité receveur. 5. V. paragr. C. 6. Bonaparte rentra à Paris après le traité de Campo-Formio, en décembre 1797. Son voyage de retour se fit donc au début de l’an VI, et non en l’an V. 7. On l’a vu, selon Ernest Niepce (op. cit.), Jean-Baptiste Prieur avait succombé à la Terreur. Le père de Pierrette, Laurent Niepce, fut victime de cette époque et mourut le 13 juillet 1793, à l’âge de 70 ans. Léopold Niepce a consigné dans ses notes que Mme. Prieur, qui habitait à Marnay (village situé sur la Saône entre Chalon et Sennecey), exposée tous les jours à être arrêtée, était obligée de se cacher le jour dans un bois voisin avec une fidèle domestique, et ne rentrait furtivement que la nuit chez elle.

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