Niépce correspondance et papiers
1330 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice une école du gouvernement pour son fils d’ une douzaine d’années 1 . L’âge qu’on donne à cet enfant exclut l’idée que Napoléon pût penser qu’il en fût le père. Si l’Empereur avait eu le moindre doute à ce sujet, il eût donné mieux, et sans qu’on lui demandât rien 2 [...] § 6. Paul Michaud 3 . [...] L’extrême rigueur de l’hiver 1788, succédant à la longue sécheresse d’un été aride, fut la cause d’une grande misère en Bourgogne: dans les villes comme dans les campagnes, le peuple avait faim. Les rivières gelées, en interrompant le travail des moulins, avaient accru les souf- frances et fait gronder les colères, le régime en était rendu responsable, on redoutait un nouveau pacte de famine, aussi les détenteurs de grains étaient-ils l’objet d’une méfiance générale. On criait à l’accaparement. Bientôt même les municipalités aux abois, impuissantes à réprimer les désordres, furent dans la nécessité de recourir à l’emploi de la force armée. Dans la matinée du 1 er . avril 1789, arrivait à Seurre, en toute hâte, un détachement de cinq cava- liers et cent fusiliers du régiment de la Fère, du corps royal d’artillerie, en garnison à Auxonne 4 . La veille, une émeute suscitée par la cherté des vivres avait mis en effervescence la petite ville. Deux négociants de Verdun-sur-le-Doubs, Fresnes père et fils, qui procédaient sur le quai de la Saône au chargement d’un bateau de blé, s’étaient vus entourés par la population des faubourgs ameutée, laquelle non seulement s’était opposée à l’embarquement des grains, mais en avait exigé la livraison. Les marchands, insultés et craignant des suites fâcheuses, avaient aussitôt offert de livrer leur marchandise au prix de 48 livres le bichet pour le blé de première qualité et de 42 livres pour celui de qualité inférieure, faisant volontiers le sacrifice du surplus de bénéfice qu’ils auraient pu obtenir en vendant ailleurs leur chargement. Mais loin d’accepter cette offre, les émeutiers avaient cherché à s’emparer du blé et malgré l’intervention des échevins Claude Hyver, Pierre Vauthey et Leguet-Dupuys, du secrétaire de l’hôtel de ville Pierre Fartier et des cavaliers de la maréchaussée, le tumulte avait grandi, le désordre avait été porté à son comble, ce que voyant et craignant pour leur vie, les négociants avaient abandonné leur marchandise, se mettant sous la protection de la municipalité. C’est alors que celle-ci, par un excès, en avait référé au lieutenant de la province, à Dijon, le marquis de Gouvernet 5 . Dans la nuit, ordre fut donné à la garnison d’Auxonne d’envoyer la troupe sur les lieux. Le détachement que nous avons vu arriver était placé sous les ordres du chef de brigade par inté- rim de Lépinay: il avait été pris dans ce qui restait disponible des compagnies de bombardiers Gassendi, Belleville et Coquebert. En l’absence de leurs commandants, ces compagnies étaient respectivement commandées: celle de Gassendi par le lieutenant en second Ménoire 6 , celle de Belleville par le lieutenant en troisième Laurent et celle de Coquebert par le lieutenant en deuxième Buonaparte 7 , ayant sous ses ordres le lieutenant de fortune Grosclaude, dit Grosbois [...] L’arrivée des artilleurs apaisa aussitôt les Seurrois. La municipalité avait du reste pris immédia- 1. Nous aimerions savoir où Thiard a écrit ceci. 2. V. paragr. C. 3. Publ. in R.B. 15/12/1926 sous le titre : Bonaparte et Madame Prieur. 4. Note de Michaud : « Registre de passage des troupes : Seurre, A.D.C.O. E. 3274. » 5. Ib. : « Procès-verbal de l’émeute du 31 mars reçu Decamp, notaire à Seurre (A.D.C.O.). » 6. Ib. : « Et non Dumanoir, comme l’ont écrit plusieurs auteurs. » 7. Ib. : « Revue faite à Auxonne le 30 avril 1789 par le commissaire des Guerres Naudin. « Compagnie des bom- bardiers de Coquebert : Napolionne Buonaparte, détaché à Seurre du 1 er avril. »
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