Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1339 App. X Le cap de Cagliari est composé de deux grandes parties: le Campidano et l’ Oliastra . Le premier contient la grande vallée qui s’étend depuis Cagliari en droiture, jusqu’à Montreale; et là, tour- nant vers Oristano , se prolonge jusqu’à Bauladu . Une branche de cette vallée s’étend, à gauche, vers Iglesias , l’espace de trente milles: elle côtoie au couchant les montagnes d’Arbus; au levant, une chaîne de collines qui s’étendent jusqu’à l’ Oliastra , et depuis Cagliari jusqu’à Ales , sont comprises sous la dénomination de Campidano . L’ Oliastra est une longue côte maritime à l’est, très montueuse. Outre ces deux grandes divisions, il y en a trois autres plus petites, qui, avec le Campidano et l’ Oliastra , forment la totalité du cap: ce sont la Barbagia-Belvi , la Barbagia- Ololay , et la Barbagia-Seulo , anciennes habitations des barbares de l’Afrique appelés Barbaricini , célèbres dans l’histoire de la Sardaigne par leur idolâtrie, leur indépendance, et par les épîtres que saint Grégoire écrivit à leur sujet. La Gallura et le Logudoro forment l’autre cap. La première, dans la partie la plus avancée de l’île, en face de la Corse, est aussi montueuse que l’ Oliastra . La seconde comprend tout le reste du cap qui, peut-être à cause de sa fertilité ou de ses mines d’or qu’on y exploitait autrefois, a pris son nom de Logudoro , c’est-à-dire lieu d’or, selon quelques écrivains. La surface de cette île, garnie de collines et de montagnes, aussi fertiles que les vallées et les plaines, procure des hyvers très-doux, et des étés tempérés, par le retour périodique des vents du nord qui rafraîchissent l’atmosphère: aussi le climat est-il d’une telle salubrité, que la vie des habitans y est plus longue que dans plu- sieurs parties du continent de l’Europe 1 [...] Douze ports de mer placés le long des côtes de l’île, ajoutent aux autres avantages dont elle jouit si abondamment. Ce sont ceux de Cagliari , de Sassari , ou Porto-Torre ; d’ Alguer ou Porto-Conte , de Bosa , d’ Iglesias , de Castel-Sardo , de Tortoly , de Posada , de Terra-Nova , de Longo-Sardo et d’ Oristano et Porto-Palmas . Les ports principaux et les plus sûrs, sont ceux de Porto-Conte , Porto- Palmas , Terra-Nova , et celui de Cagliari . Le golfe de ce port, qui est au midi de la ville, et qui a la circonférence de trente-cinq milles, est reconnu pour un des plus vastes et des plus sûrs de l’Europe, à cause d’un banc de sable qui ferme les deux tiers de son entrée, en sorte que des flottes très-nombreuses peuvent s’y mettre à l’abri, hiverner et se radouber, sans craindre ni vents, ni tempêtes. Tous ces ports ainsi que les autres pointes avancées en mer, et les îles adjacentes, sont munis de tours, garnies d’artillerie, pour se défendre des insultes de l’ennemi, et sur-tout des corsaires de Barbarie; les bâtimens étrangers poursuivis par ces brigands, y trouvent asile et protection. Au moyen des signaux que ces tours se communiquent, soit avec des feux la nuit, soit par la fumée le jour, des avis circulent promptement tout à l’entour de l’île. Les terres de l’île sont féodales 2 , communes ou particulières. Les premières appartiennent à un fief ; le possesseur qui ne s’est point affranchi, paie une redevance annuelle, qui varie selon les clauses et les termes insérés dans l’investiture. Les communales son possédées par les 1. Suivent deux tableaux dressés à partir des « dépôts mortuaires des deux villes capitales » qui, précise Azuni, « fournissent des preuves non équivoques » de son assertion. 2. Le régime féodal sarde, notera Lamarmora, ne ressemblait nullement à celui qui sévissait encore dans quelques pays du nord de l’Europe. « En Sardaigne, le paysan naît libre ; il ne commence à payer une rede- vance au baron, que lorsqu’il atteint l’âge de pourvoir à sa subsistance par son travail. Il peut, s’il est mécon- tent de son seigneur, se transporter d’un lieu dans un autre [...]. Le régime féodal n’en est pas moins une calamité pour la Sardaigne. On peut le regarder comme une des principales causes du triste état des cam- pagnes, et l’un des grands obstacles à leur prospérité » (A.L.1).
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