Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1341 App. X Les langues que l’on parle en Sardaigne peuvent se réduire à deux : la langue tout-à-fait étran- gère, et la langue nationale. La langue étrangère, est celle d’Alguer, qui est catalane, cette ville ayant été dans son origine une colonie de Barcelonais. On doit considérer aussi comme étran- gère la langue que l’on parle à Sassari, à Castel-Sardo, à Tempio à Sorso, à Agios et à Sennori, qui est absolument un dialecte bien plus toscan que tous ceux dont on se sert dans plusieurs contrées d’Italie. Dans la langue proprement dite sarde, la base principale est le latin 1 , on y a mêlé beaucoup de grec, d’italien, d’espagnol, quelque peu de français, autant d’allemand, et tant d’autres mots qui n’ont aucun rapport avec les langues connues. Au reste, la langue noble du pays, celle dont on se servait dans les tribunaux, dans les écoles et dans les actes publics, a été la castillane, jusqu’en 1764, époque à laquelle la cour de Turin ayant rétabli les deux uni- versités de Sassari et de Cagliari, ordonna qu’on se servît de la langue italienne à la place de la castillane. C’est depuis ce règlement, que cette langue y est aussi familière qu’en Toscane, et qu’on la parle avec autant d’aisance que de pureté [...] Chapitre II La ville et cap de Cagliari, son port, ses fortifications, ses édifices, ses tribunaux, ses magistrats, départemens, villes, et seigneuries qui en dépendent. Cagliari, capitale de tout le royaume de Sardaigne, est aussi le chef-lieu de la partie méridio- nale, connue sous le nom de cap de Cagliari, le plus considérable de l’île par sa population et par sa richesse 2 . Cette ville au 39 deg. 13 min. 20 secon. de latitude et au 27 deg. 7 min. de longitude, est située au bord de la mer, sur la pente d’une colline, au fond d’un grand golfe qui porte son nom 3 . Elle est composée de quatre parties : du château qui est sur la hauteur de la colline, et de trois faubourgs appelés la Marina , Stampace et Villanova ; ce dernier a lui-même un petit faubourg, sous le nom de son église paroissiale, de S. Tennera , ou Saint-Avendres 4 . Le château, habité par le vice-roi, les magistrats et la noblesse, est remarquable par la quantité de beaux édifices qu’il contient, et sur-tout par une superbe église toute revêtue de marbres pré- cieux, avec trois chapelles souterraines où sont exposées plusieurs reliques de martyrs riche- ment décorées. Il est en outre très-bien fortifié par des murs et des remparts que les Pisans y construisirent, avec deux tours appelées de S. Pancrazio , et de l’ Elefante 5 . Philippe II, roi 1. Langue que l’on parlait encore dans certaines contrées de l’île (d’après D.A.A.). 2. « Lorsque ce royaume passa sous la domination de la cour de Turin, en 1720, la population de cette ville n’était que de 15,000 âmes;aujourd’hui on la porte jusqu’à 35,000 » (ib.).« Cagliari,étant le principal lieu d’ex- portation et d’importation du commerce de la Sardaigne, a un certain mouvement d’activité qui a influé sur les mœurs et les goûts de ses habitants. La civilisation, aidée par le séjour de la cour [à partir de 1798] et par les fréquentations des étrangers, y a fait plus de progrès que dans toutes les autres parties de l’île [...]. Les mêmes causes, et cette tendance générale des esprits vers les perfectionnements en tout genre, ont donné à la société, dans la classe de la noblesse surtout, qui en apprécie le mieux les plaisirs, beaucoup plus d’agré- ment qu’elle n’en avait autrefois. Les femmes à Cagliari, auxquelles on donne de l’éducation, et le nombre en est aujourd’hui moins borné, se distinguent par des grâces naturelles, et par une piquante vivacité » (J.F.M.). 3. « L’aspect de la ville en venant de la mer et à l’entrée du golfe, est imposant ; quoique vue de près, elle soit généralement mal bâtie.Elles s’élève en amphithéâtre depuis le quartier de la Marine, qui borde le port, jus- qu’au sommet d’une haute colline, où est placé le quartier du Château (Castello), couronné par des ouvrages de fortifications et de tours » (ib.). 4. « Les faubourgs sont à découvert ; le seul quartier de la marine est environné de murs et de bastions qui ne furent achevés qu’en 1665, et qu’on a liés aux fortifications du château » (ib.). 5. Mimaut signalait encore la tour de l’Aigle, jadis tour du Lion.« Leur ton rougeâtre leur donne quelque chose de pittoresque » (ib.).

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