Niépce correspondance et papiers

1344 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice minéral consiste en mine d’argent vitreuse , avec laquelle on a trouvé de la mine d’argent cornée 1 et de l’argent natif . Cette mine a beaucoup rendu à différens particuliers, quoique très-mal exploitée; aujourd’hui on l’a abandonnée, faute de moyens. Les mines d’argent de la Nurra , à six lieues de distance de Sassari , ont donné le nom d’ Argentera à la montagne où elles se trouvent, et déjà connue dès le tems des Romains. Le filon y est très- bien décidé pour l’étendue de presqu’un mille, et dans plusieurs endroits il a été exploité au jour. On ne peut plus y pénétrer jusqu’à la profondeur, à cause des décombres qui le remplissent; mais en examinant les pierres que l’on trouve encore dans les décharges de la mine, on y rencontre de la mine d’argent grise , de la galene et de la blende , ayant souvent pour gangue le spath pesant . Ce filon aboutit au rivage de la mer, et le pays est très-peuplé de bois. Sur les montagnes, entre Cap- Pula et St. Roch , on trouve trois excavations anciennes, dont le filon, assez large, contient une demi-once d’argent par quintal, et cinquante livres de plomb. Sur la montagne de Ste-Lucie il y a un filon de plomb qui donne une once d’argent par quintal: il n’a pas été fort cultivé, apparemment parce que la gangue est de quartz très-dur. On voit sur la montagne opposée une ancienne excavation encombrée. Non loin de là on trouve une autre mine encombrée, appelée la Grotte de Gambara . M. Mandel, consul de Suède, qui, l’an 1740, obtint la concession des mines de l’île, y fit travailler. Près du vil- lage, on voit l’emplacement de deux fonderies ruinées. Les mines de Guspini et d’ Arbus sont maintenant les plus importantes. Quoique l’on ait attaqué différens filons, on ne doit cependant faire cas que du principal, qui se prolonge de cinq à six milles, provenant des hauteurs de Guspini , et aboutissant à Genemari , dans le territoire d’ Arbus , près de la mer vers le couchant. Depuis que la Sardaigne appartient à la cour de Turin, on n’a cultivé soigneusement d’autres filons que celui-ci: il n’est cependant qu’au commencement de son exploitation: les puits n’ont que huit à dix toises, à l’exception d’un seul qui en a dix-huit. On a pratiqué des galeries sur les travaux de Safraiga et Montevecchio . Ce filon n’est pas égale- ment riche: à Montevecchio , il donne jusqu’à une once et demie d’argent par quintal: dans les autres endroits, un quart et jusqu’à une demi-once; mais il produit en revanche 50 pour 100 en plomb. Près de Montevecchio on voit une fonderie ruinée, qui, faute d’eau, agissait moyennant des soufflets à bras: près de Gonos-Fanadiga , on trouve une autre fonderie ruinée, dont les sco- ries indiquent un grand produit. vives, plantée surtout de chênes verts, dans la proportion de cent à un », peuplée de sangliers et de cerfs (ib.). 1. Rappelons que c’est sur chlorure d’argent que Nicéphore obtiendra ses premières images négatives en 1816. Quelque vingt ans se seront écoulés depuis son séjour à Cagliari (v. 139n). Dans son hommage rendu à Niépce en 1972, le physicien Jean-Jacques Trillat a cité Pasteur qui se plaisait à dire que « le hasard ne favo- rise que les esprits qui y sont préparés » (C.R.A.S. t. 274 p. 120). Nicéphore était-il préparé à inventer la pho- tographie depuis aussi longtemps que nous en avons émis l’hypothèse (v. 22n)? Le fait est qu’il l’était en 1797 (v. 384). De plus, on ne peut que constater que pour « travailler à cette découverte », la Sardaigne était l’endroit rêvé: « Sardaigne terre de lumière », titrera un guide touristique publié en 1956 par Hayward & Imbert. Nicéphore y disposait de l’intensité lumineuse qui, si souvent par la suite, lui fera défaut. Quant à la chambre à dessiner, dont l’effet n’en était que plus frappant, elle y était en vogue comme partout ailleurs au XVIII e siècle. Tout autant que les topographes et les géographes, les amateurs y recouraient pour lever leurs dessins d’après nature. Quant à Lamarmora, il écrira: « Comme j’attache bien plus de prix à la précision consciencieuse qu’à l’effet,j’ai exécuté autant que la chose m’a été possible,par des moyens mécaniques,tels que ceux de la camera lucida et du diagraphe, les dessins de toutes les planches qui représentent des monu- ments; j’aurais par conséquent bien tort de prétendre au titre d’artiste ». Ironie de l’Histoire, ces lignes ne seront publiées qu’en 1839 et Lamarmora renverra ses lecteurs à cette note: « Malheureusement la belle découverte de Monsieur Daguerre n’était pas connue » (A.L.2, plan de l’ouvrage). Enfin, non loin de Cagliari, on trouvait du chlorure d’argent natif. Comme Azuni, Lamarmora relatera cette curiosité du Sarrabus, signa- lant plus particulièrement la mine Monte-Narbe, remarquable par son « argent muriaté très riche » (A.L.2).

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