Niépce correspondance et papiers

1352 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice à l’action de tribune, en y prononçant des discours qui furent des actes et influèrent sur les destinées de la Révolution et de la France. Dans le cénacle de la place Vendôme, on voulait la guerre. On la savait inévitable et on avait le dessein de prévenir l’ennemi, en brusquant l’attaque. On y voyait aussi un moyen souverain de mettre fin aux intrigues du comité autrichien des Tuileries, comme à celles des émigrants de Coblentz et des prêtres réfractaires de partout — notamment de Vendée d’où revenait Gensonné, bien renseigné sur l’étendue du mal —. La déclaration de guerre devait acculer le roi à une trahison ouverte ou à une soumission sans borne, c’est-à-dire sans veto . C’était là l’opinion de Brissot et que partageait Vergniaud, à n’en pas douter. Depuis le 5 octobre [1791], dans son journal, et depuis le 20 à la tribune, il poussait à la guerre ; et Vergniaud lui-même, dans son projet de décret contre les émigrés [du 22], avait reproduit textuellement l’article comminatoire de celui de Brissot, à l’adresse des puissances. Mais pour faire la guerre, il y avait un premier obstacle à vaincre, le ministère. Elle n’y avait qu’un partisan, le brillant et sceptique Narbonne, avec qui Brissot avait partie liée, et qui était alors en « guerre ouverte avec Lessart », selon une lettre de Marie-Antoinette à Mercy. Or ce ministre, haï de la reine, suspect de démagogie et d’une intrigue protestante avec son égérie, M me de Staël, fut renvoyé brutalement par le roi, le 9 mars 1792. C’était un défi. Le comité de la place Vendôme le releva aussitôt, d’accord avec le salon de l’ambassadrice de Suède, qui jetait feu et flammes contre de Lessart, pour celui que Goetz, dans ses lettres à son maître, le roi de Prusse, appelle « son amant ». Dès le lendemain, une lettre du roi ayant fait savoir à l’Assemblée qu’il avait nommé « M. de Grave au département de la Guerre, à la place de M. de Narbonne », Brissot, Guadet, Vergniaud, Gensonné se succédaient à la tribune. Cette journée mémorable vit le triomphe de Brissot, la chute du ministère, et l’avènement des Girondins au pouvoir. De Lessart, mis en accusation, et qui sera traduit devant la Haute-Cour, entraînait ses col- lègues dans sa chute : ils démissionnèrent l’un après l’autre. Le 15, le roi cédait [...]. Il nomma d’abord aux Affaires étrangères Dumouriez 1 , qui désigna ensuite Lacoste pour la Marine. Ce fut « le petit comité » de la place Vendôme qui — d’accord avec Dumouriez, dont Gensonné était le « prôneur », et avec Laporte, Grave et Cahier, intermédiaires entre le roi et les Girondins — fit désigner les quatre autres ministres [...]. Vergniaud aura à se défendre d’avoir intrigué pour la nomination de ces ministres. « Je ne sais pas, dit M me Roland, quel est l’indi- vidu qui, le premier, dans le comité de la place Vendôme, nomma Roland comme un de ceux à qui l’on pourrait penser » [...] § 4. Sa fille Malvina. Comment ne pas dire un mot de Malvina Labène, en qui survécut le beau-frère de Nicéphore Niépce ? Nous empruntons au baron Sénevas, déjà cité, le passage qui suit 2 : Revenons à Sophie [en réalité Julie 3 ] qui était le prénom de M me Labène. Après lui avoir avoir fait 1. Dès le 20 mars, rappelons-le, fort de « l’amitié » de Lacuée, Labène se présentait au ministère. Le 16 avril, sur la recommandation de MM. Koch, le publiciste, Lacuée, Lacepède, Paganel et Lavigne, le député, il était nommé secrétaire de légation à Ratisbonne (v. 66n). 2. Les faits qui y sont rapportés ont trop d’importance pour ne pas le reproduire en entier. 3. Sophie n’apparaît dans aucun des nombreux documents que nous avons consultés.

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