Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1353 App. XII grise mine 1 , la famille se rapprocha d’elle quelque temps avant sa mort 2 , et surtout de sa fille Malvina 3 , que l’on ne voulut pas rendre responsable du coup de tête — ou plutôt du coup de cœur — de sa mère. Au surplus, Malvina, dégoûtée du mariage par ces événements, avait déclaré, avec l’approbation générale, sa volonté de rester célibataire. Jusqu’à l’âge de cinquante ans, elle tint parole. Et puis, comme sa mère, la voilà qui fait un coup de tête, et épouse M. Trélat, le père d’un chirurgien bien connu 4 . Elle l’avait rencontré en Italie, ils avaient fait connaissance je ne sais comment, ils avaient admiré ensemble les merveilles de ce pays, et leurs deux cerveaux s’étaient épris. C’était pourtant les deux antipodes. Voici ce que me disait à leur sujet M. Marcel Trélat, ancien conseiller d’État, homme fort intelligent, occupant une haute situation dans les affaires et que je rencontrais de temps en temps: « Mon grand-père, disait-il, était le tribun, côté peuple, et l’a manifesté en 1848. Ma belle-grand’mère 5 , que j’ai bien connue, était fine, lettrée, recherchée dans ses expressions, presque bas bleu, une vraie aristocrate. Mes parents n’ont jamais compris cette union. » Quand Malvina annonça son mariage à sa famille, ce fut une stupéfaction, suivie d’une légère grimace: on avait compté qu’elle resterait célibataire. Si l’on ne fit pas la grimace devant elle, elle la devina, et les rapports avec elle devinrent assez frais. Puis, tout se tassant en ce monde, on se rapprocha. Elle avançait en âge, elle n’avait pas d’enfant. Les nouvelles générations, ses neveux à la mode de Bretagne, et après tout ses héritiers naturels, allèrent chaque année se rappeler à elle, en lui faisant une visite dans son appartement de la rue Soufflot. Elle recevait aimablement, 1. Précisément pour avoir épousé Jean-Gervais Labène. 2. Qui survint, probablement en 1853, dans la « maison de santé » du docteur Métivier à Ivry-sur-Seine. Il faut dire que Julie, « interdite suivant le jugement de la première chambre du tribunal de la Seine du 19 juin 1845 », avait été placée sous la tutelle de son frère, Claude-Laurent-Marie, après « délibération du Conseil de famille, tenue sous la présidence de M. le Juge de Paix du onzième arrondissement de la Ville de Paris, le 14 juillet 1845 » (A.N. MIN. XXII, 26/10/1852). 3. Née à Paris le 15 ventôse an 11, soit le 6 mars 1803 (A.P., acte de son mariage avec Ulysse Trélat le 28 octobre 1852), elle vivait encore en 1887 (B.I.F. Répert. suppl. ms : Labène). 4. Ulysse Trélat fils. Ce que le baron de Senevas ne dit pas, c’est qu’Ulysse Trélat père, qu’il ne fait qu’évoquer plus loin, fut beaucoup plus connu que son fils. Né le 22 brumaire an IV (13 novembre 1795) à Montargis, mort à Menton le 29 janvier 1879, « il fut d’abord chirurgien militaire et fit en cette qualité, à dix-sept ans, la campagne de 1813. De retour à Paris, il reprit ses études médicales, fut plusieurs années interne à Charenton et fut reçu docteur en 1821. Partisan du libéralisme le plus avancé, il se jeta bientôt dans les sociétés secrètes les plus actives de la Restauration.Il resta un des chefs de l’opposition démocratique après la révolution de 1830 et rédigea à Clermont Le Patriote du Puy-de-Dôme jusqu’en 1835. Il vint alors défendre à Paris les accusés d’avril, et la vivacité avec laquelle il s’attaqua, dans le cours du procès, à plusieurs juges d’alors, autrefois ses compagnons dans le carbonarisme, lui valut à lui-même 11.000 fr. d’amende et trois ans d’emprisonnement à Clairvaux. En 1838, il rentra dans la carrière médicale et devint, par concours, médecin de la Salpêtrière. La révolution de 1848 ramena M. Trélat dans la vie politique. Le gouvernement provisoire le nomma commissaire général de la République, avec pouvoirs illimités pour les quatre dépar- tements du Puy-de-Dôme, de l’Allier, de la Creuse et de la Haute-Vienne. Il fut ensuite maire du XII e arron- dissement de Paris, colonel de cavalerie de la garde nationale, lieutenant-colonel de la 12 e légion, sous M. Barbès. L’Assemblée nationale, où le département du Puy-de-Dôme l’envoya, le cinquième sur une liste de quinze,avec 70.460 suffrages,le choisit pour vice-président.Le 12 mai 1848,M.Trélat fut appelé au minis- tère des Travaux publics. Il eut à contenir, pendant les jours les plus difficiles, l’organisation toujours mena- çante des ateliers nationaux ; il fit enlever le directeur, M. Émile Thomas, et le fit conduire à Bordeaux (27 mai), mesure qu’il nomma le lendemain, dans le Moniteur ,“une mission extraordinaire”, et à l’Assemblée, “une détermination de médecin”. Il sortit du ministère le 18 juin, peu de jours avant la dissolution des ate- liers [...]. M. Trélat a été décoré de la Légion d’honneur en juillet 1849. On a de lui, en dehors de ses articles et discours politiques, [plusieurs ouvrages] et un grand nombre d’articles dans le Journal du Progrès des Sciences médicales , etc. [...]» (D.U.C.). 5. Malvina était la seconde épouse de Trélat qui, en premières noces, avait épousé Jeanne Louise Potin (grand- mère de Marcel Trélat).
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