Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1363 App. XV Auparavant (dès 1982, pour être exact), notre préférence pour les recherches en labo- ratoire, les essais réels, les comptes-rendus de terrain, nous avait incité à suivre la reconsti- tution du moteur des Niépce tentée dans les années 1920, sous l’égide du Service Technique de l’Aéronautique. Nous venions alors de découvrir dans les volumineuses archives Clerget 1 conservées au Musée de l’Air et de l’Espace, le dossier du projet 2 . En matière de technique, des mondes séparent ce qui est pressenti de ce qui est énoncé sur le papier ; ce qui fonctionne théoriquement de ce qui promet réellement ; ce qui marche une fois de ce qui se vérifie toujours. La confusion des genres n’était pas à craindre de la part d’ingénieurs comme Clerget, Rateau 3 , Dollfus 4 ... Jusqu’en 1923, Clerget ne connaissait du pyréolophore que le rapport de Carnot qui avait été publié dans les Merveilles de la Science par Louis Figuier. Son ami l’ingénieur A. Guiselin s’intéressant alors à Diesel 5 et notamment à sa pre- mière idée, le « moteur à poussière de charbon », Clerget lui conseilla de prendre connaissance du rapport de Carnot. L’enthousiasme de Guiselin fut tel que Clerget se fit fort d’en savoir davantage. Le 3 jan- vier il écrivait : [...] La famille doit encore exister et peut-être a-t-elle conservé des documents! Si Niepce a songé à insuffler du charbon pulvérisé, à la place de lycopode, son brevet du 3 août 1807 6 , doit décrire un pulvérisateur qui ne peut être qu’à air! Si cela est, vous voyez la belle revendication française (à la compression près) à opposer à Diesel, qui, au début, insufflait du charbon 7 ! [...] 1. Pierre Clerget,né le 29 juin 1875 à Dijon,mort à Moissac le 22 juin 1943,conçut entre 1907 et 1938 une ving- taine de moteurs d’avions de types différents, d’abord à essence, ensuite à injection à l’huile lourde. Sa car- rière et ses travaux ont fait l’objet du n° 43 de Pionniers (15/01/1975). L’ingénieur général de l’Air Raymond Marchal lui rendait cet hommage : « Sa mémoire doit être saluée comme celle d’un grand mécanicien, d’un excellent serviteur de l’aéronautique française et d’un authentique précurseur » (op. cit. p. 33). 2. Cartons 40 et 41 du fonds. 3. L’ingénieur français Auguste Rateau, né à Royan en 1863, mort à Neuilly-sur-Seine en 1930. Il était membre de l’Académie des Sciences depuis 1918. Rateau étudia les fluides en tant que forces motrices, les machines dans lesquelles ces fluides pouvaient être utilisés (turbomachines).Il établit une théorie du profil des tuyères permettant la détente totale de la vapeur (1900). Il inventa un type de turbine à action, la multicellulaire (1901). Il mit également au point un type de turbocompresseur à roues étagées,des pompes centrifuges,des ventilateurs pour les mines. Il imagina également de faire actionner un turbocompresseur par les gaz d’échappement d’un moteur, qui peut ainsi être suralimenté en air, technique utilisée dans l’aviation et pour d’autres moteurs à combustion interne (P.R.). Les Usines Rateau sont devenues société Alsthom. 4. L’aéronaute Charles Adrien René Dollfus (né à Paris le 31 mars 1893). De 1910 à 1952, il pratiqua comme pilote ou comme passager, le ballon libre, la montgolfière, le ballon captif, le dirigeable souplaneur, l’auto- gire et l’hélicoptère. Lauréat de nombreux concours nationaux et internationaux, historien de l’aéronau- tique, auteur de l’Année aéronautique (20 volumes de 1919 à 1939), de l’ Histoire de l’Aéronautique (1932), de nombreux ouvrages et articles sur ce sujet. Il fut l’un des créateurs du Musée de l’Air dont il assura la direc- tion de 1927 à 1958. 5. Lequel suivit avec intérêt les travaux du jeune Clerget. Ce dernier a relaté leur rencontre à Dijon (PIO. 15/01/1975, pp. 17-18) 6. En réalité 3 avril, qui est la date de ratification de la demande de brevet. 7. « Dans son brevet déposé le 27 août 1892, en Angleterre, et intitulé : Procédé pour produire de la force motrice en faisant brûler un combustible, Diesel préconise pour les combustibles pulvérisés, une distribu- tion par un robinet rotatif jaugeur » (Note de A. Guiselin).
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