Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1369 App. XV combustion représentent des accumulateurs complets mais peu utilisables par suite du poids, du danger et du prix. Les explosifs à formation endothermique, où la chaleur existe pour ainsi dire à l’état latent seraient préférables sous le rapport du poids si l’on pouvait régulariser l’action brisante de leur décomposition. On peut se figurer que le jour où l’on saura désintégrer la matière en libérant les forces intra- moléculaires on aura à sa disposition des forces immenses utilisables principalement sous forme de réaction, à l’exclusion de tous frottements mécaniques, ou organes propulseurs. Mais nous n’en sommes pas là, et il faudra sans doute utiliser pendant longtemps la force élastique des gaz dilatés par la combustion. [...] 1 Dans presque tous les traités de moteurs à gaz on cite après Lebon, une tentative de moteur, due aux frères Niepce, illustres par l’invention de la photographie. Cette tentative ne semble pas retenir autrement l’attention par suite de la nature du combustible; les inventeurs employaient la poussière de lycopode, substance évidemment moins intéressante que le gaz d’éclairage, pour créer de la force motrice industrielle. On ne s’est donc jamais arrêté à l’étude des moyens employés pour cette tentative exceptionnelle, d’autant plus qu’elle ne fit plus parler d’elle. Figuier, le grand vulgarisateur, parle de cette machine dans l’histoire de la photographie, ainsi que Laboulaye, ils citent un passage d’un rapport de l’illustre Carnot de l’Académie des Sciences en 1806. Ce fragment publié indique que le Pyréolophore monté sur un bateau permit à ce dernier de remonter la Saône par sa seule force motrice. J’ai toujours été très étonné qu’un événement aussi sensationnel ne fût pas autrement com- menté. [...] 2 En statistique, ne comptent que les essais officiels, ce qui n’enlève pas le mérite des inventeurs effectuant des démonstrations. Il faut donc compter à ma connaissance cinquante-cinq ans entre le rapport de Carnot et le pro- cès-verbal des expériences faites sur le moteur Lenoir par M. Tresca. Ces essais furent effectués au Conservatoire des Arts et Métiers les 7 et 8 janvier 1861. Moteur bien modeste puisqu’il développait un peu plus d’un demi-cheval, mais qui inaugurait l’ère actuelle dont personne alors ne pouvait soupçonner le développement prodigieux. Ainsi à une époque où la construction était difficile, les frères Niepce ont effectué des expé- riences ayant un caractère scientifique, dont celles de principe tout au moins furent contrôlées par le précurseur de la thermodynamique, d’illustre mémoire, dont Sadi Carnot créa cette science dont les applications devaient permettre la réalisation presque complète de la navigation aérienne 3 . 1. Ici Clerget retrace l’histoire des moteurs depuis le XVII e siècle, mentionnant successivement l’abbé Hautefeuille (1678), Huygens et Papin, John Barber (1791), Robert Street qui proposa de vaporiser de l’huile de pétrole en la faisant tomber dans le fond du cylindre (1794), enfin « notre célèbre compatriote » Philippe Lebon et son moteur à gaz (1799 et 1801). 2. Suit le rapport de Carnot (v. 192). 3. Dans ses Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines... (1824), Sadi Carnot n’a pas manqué de consacrer une note importante au pyréolophore, « [...] machine fort ingénieuse et intéressante surtout par la nouveauté de son principe [...] » (pp. 110-112).
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