Niépce correspondance et papiers

1372 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice Ainsi il est établi que Claude a effectué des essais de combustion avec l’huile de pétrole, puisqu’il engage son frère à répéter ses expériences 1 . Il ne leur échappe pas que cet emploi serait un progrès sur l’emploi du lycopode, mais la com- pression du soufflet dont ils disposaient est insuffisante, motif que Nicéphore invoque pour le renouvellement de l’expérience; de plus il craint le danger réel de ces essais, la solidité des réci- pients en cuivre qu’ils employaient lui donnant des craintes assez justifiées. A cette époque l’huile de pétrole était le naphte naturel, renfermant les produits volatiles [sic] les plus inflammables et l’on conçoit très bien la prévention qu’ils pouvaient avoir pour ce combus- tible non rectifié, partant dangereux à emmagasiner à proximité d’une flamme d’allumage presque permanente. [...] Il est évident que le moteur de Niepce ne pouvait présenter à son époque aucun intérêt pratique; tous les ingénieurs et constructeurs concentraient leur activité sur les applications de la vapeur. Celle-ci plus facile à adapter s’étendait successivement à l’industrie, à la navigation et aux che- mins de fer; cette concurrence formidable devait porter un coup fatal au moteur à combustion interne à peine naissant. Seule la clairvoyance de Carnot avait entrevu la supériorité de principe qui ne fait plus de doute pour personne aujourd’hui. On peut presque regretter que Niepce n’ait pas eu de concurrents; si partant de son principe de combustion quelqu’un l’eût appliqué au moteur à air chaud déjà connu, c’eût été une révélation à brève échéance. Un certain nombre de perfectionnements et de nombreux brevets furent pris en France et à l’étranger mais la tendance était plutôt au moteur à gaz à explosion; d’ailleurs aucun moteur n’entra dans la pratique avant Lenoir en 1860. Citons pourtant Selligue en 1844 plus connu comme ayant installé à l’usine à gaz des Batignolles, la première installation de gaz à l’eau carburée. Celui-ci reprenait l’idée des frères Niepce en substituant son gaz au combustible pulvérisé; cette idée est intéressante parce qu’elle précède une application moderne à l’élévation des eaux et qu’elle est presque inconnue. Cette nouvelle application de l’action directe de la combustion à l’élévation d’une colonne d’eau se trouve réalisée dans les pompes Humphrey avec l’emploi de la compression par la colonne d’eau elle-même et sur le principe des quatre temps. Je crois utile de citer le développement qu’a pris rapidement ce genre d’appareil, il démontre que la conception des frères Niepce n’était pas une chimère, et qu’il serait possible aujourd’hui de construire la machine de Marly sur ce prin- cipe d’une séduisante simplicité 2 . Je soumets cette suggestion aux ingénieurs qui seront appelés un jour à réformer les pompes du roi. [...] 3 Pour rester dans le cadre du sujet je ne citerai que les deux applications qui doivent retenir notre attention au sujet de nouveaux emplois de certaines dispositions fondamentales de la machine de 1806. 1. On ne peut que déplorer que Clerget ait ignoré les « expériences satisfaisantes » réalisées à Nice avant 1801 (v. 284) et surtout l’existence du brevet anglais (v. 321). 2. V. 220. 3. Clerget rapporte ici l’article de Cayley que lui a signalé son ami Dollfus (v. 218).

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