Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1407 App. XIX cure à prisme, et de l’employer dans les recherches qu’il faisait sur la fixation des images lumi- neuses ; on ajoutait que M. Niepce avait déjà obtenu des résultats fort encourageants. Plusieurs personnes, et entre autres M. le comte de Mandelot, étaient présentes lorsqu’on nous fit cette communication ; notre surprise à tous fut grande, on peut le croire ; bientôt néanmoins, plusieurs d’entre nous nièrent la possibilité de cette découverte, et je crois me rappeler qu’une discussion quelque peu animée, se termina en un pari proposé et tenu par deux des plus fou- gueux orateurs [...]. § 2. Ses relations avec Jean-Baptiste Dumas. A la lecture des pièces suivantes, trois questions se posent : 1° Daguerre fit-il la connaissance de Dumas avant la mort de Niépce ? 2° Daguerre fit-il part à Dumas de « sa » découverte de la photographie, ou tout au moins de « son » idée et de « ses » premiers travaux ? 3° Au moins par ses conseils, Dumas aida-t-il Daguerre et suivit-il la progression de l’in- vention jusqu’au daguerréotype. Faute de documents originaux, exception faite des notes de Dumas, malheureusement non datées, conservées aux Archives de l’Académie des Sciences (v. 615), il est aujourd’hui encore impossible d’y répondre formellement. Pièce n° 1 Souvenirs de Dumas. Son discours à la Société d’Encouragement pour l’Industrie natio- nale, le 6 avril 1864 1 : [...] Ecoutez ceci. Il y a quarante ans, je fus consulté par un ami de la famille de Daguerre 2 qui s’était ému des allures étranges de cet homme célèbre. Sa raison n’était-elle pas menacée? Que penser, me demandait-il, d’un artiste habile, abandonnant ses pinceaux et poursuivant cette idée insensée de saisir les fuyantes images de la chambre obscure et de fixer sur le papier, sous une forme matérielle et durable, ce spectre insaisissable, ce rien? Je me suis souvent reporté aux heures de méditation que je consacrai alors à préparer une réponse qui rendît peut-être à Daguerre un repos troublé par des empressements inquiets. S’il eût été détourné de sa voie, cependant, la photographie n’existerait pas; qui oserait en douter? 3 Savez-vous combien de temps s’écoula pour lui en études, en essais ruineux, en tentatives trom- pées? Quinze ans! Oui, quinze ans séparent ce moment où Daguerre était regardé comme menacé dans sa raison et celui où l’Europe apprenait son triomphe 4 . Lorsqu’il vint, au bout de ces quinze années d’épreuves, me montrer ses planches admirables, il n’en sut rien, mais ma pre- mière pensée, je l’avoue, fut un sentiment de reconnaissance envers Dieu, qui avait permis que je fusse appelé à défendre un si heureux génie, et qui m’avait inspiré, malgré ma jeunesse, la confiance de le protéger contre le zèle de ses amis. Avec quel intérêt je l’écoutais, me racontant ses espérances, ses doutes, ses soupçons; car, pen- dant ces quinze années, Daguerre, dont le sentiment artistique délicat avait tant de peine à se 1. Publ. in B.S.E.I.N., 2 e s., t. XI. In G.P. cit. (p. 126 n. 2). 2. Vraisemblablement Madame Daguerre en personne (v. pièces 7 et 9). 3. V. 637n. 4. Nous avons vu d’où vient l’erreur selon laquelle quinze ans s’écoulèrent entre les premiers travaux photo- graphiques de Daguerre et 1839 (v. 596n). D’ailleurs Dumas lui-même aurait situé cet épisode en 1827 (v. pièces 7 et 8).

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