Niépce correspondance et papiers

1410 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice [...] Et si quelqu’un, perdu, désorienté, invoquait son secours, comme Daguerre l’invoqua — Daguerre non seulement méconnu, mais encore bafoué, traité de rêveur et de fou — M. Dumas le couvrait de son autorité, imposait silence aux détracteurs et lui disait: Courage! Il suffit sou- vent d’un mot comme celui-là pour donner au monde un inventeur de plus! M. Dumas le répéta pendant quinze ans à Daguerre, et le daguerréotype fut créé [...] Pièce n° 5 Autre interprétation de Pasteur. Sa réponse au discours de réception de J. Bertrand à l’Académie Française, le 10 décembre 1885 1 : [...] Au moment où Daguerre méconnu, presque bafoué, rêvait de saisir et de fixer les images de la chambre obscure, personne ne croyait au résultat de telles tentatives. Sa famille inquiète envoya un ami chez M. Dumas pour le consulter, moins sur la valeur de ses essais que sur l’op- portunité d’une mesure décisive. On voulait faire enfermer Daguerre dans une maison de fous. M. Dumas, après avoir écouté les doléances effrayées de cette ami plein de sollicitude, plaida avec son ton d’autorité apaisante la cause de Daguerre. Cette cause, il la plaida pendant quinze ans; il ne se contenta pas de défendre Daguerre, il le soutint, il lui répéta: « Courage », et, au bout de ces quinze ans, Daguerre arriva chez M. Dumas, ses planches à la main. Le daguerréotype et par là-même son idée sœur, la photographie, étaient trouvées [...] Pièce n° 6 Autre interprétation de Pasteur. Son discours prononcé à l’inauguration de la statue de Dumas à Alais, le 21 octobre 1889 2 : [...] S’agissait-il d’une grande école à fonder comme l’Ecole Centrale, ou d’un inventeur à encou- rager comme Daguerre, par exemple, plus que méconnu dans les premiers temps, M. Dumas était toujours là [...] Pièce n° 7 Interprétation de Félix Hément. Ses souvenirs sur Dumas 3 : [...] Lorsque j’eus l’honneur d’être délégué par le Ministre de l’instruction publique pour le repré- senter à l’inauguration du monument de Daguerre à Cormeilles (le 26 août 1883), je me souviens d’avoir eu avec J.B. Dumas, l’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, au sujet de Daguerre, un entretien dans lequel il me raconta avec sa bonhomie fine habituelle l’anecdote sui- vante: “C’était en 1827, j’étais jeune alors, j’avais vingt-sept ans, on vint me dire dans mon labo- ratoire qu’une personne avait à me parler. C’était Madame Daguerre qui, émue des allures étranges de son mari, me demanda si la raison de ce dernier n’était pas altérée. Que penser, me demandait-elle d’un peintre habile, abandonnant ses pinceaux et poursuivant cette idée insensée de saisir et de fixer les images fuyantes de la chambre obscure? Croyez-vous, me dit-elle, qu’on puisse concevoir quelque espoir de voir se réaliser le rêve de mon mari? et, timidement, elle se hasarda à me demander s’il n’y avait pas lieu de le faire interdire! ... Les entretiens que j’eus avec Daguerre me confirmèrent dans cette pensée qu’il était sur la voie d’une découverte. Je rassurai Mme Daguerre, et je rendis à Daguerre un repos troublé par des empressements inquiets [...] 1. Ib., p. 391. 2. Ib., p. 423. 3. Publ. in P.PH . 25/04/1891. G.P. cit. (p. 126 n. 2).

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==