Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1411 App. XIX Pièce n° 8 Interprétation de Mentienne. Sa transcription du discours prononcé par Félix Hément, délégué du ministère de l’Instruction publique, lors de l’inauguration du monument Daguerre à Cormeilles, le 26 août 1883 1 : [...] En quelques paroles le maire de la commune a rendu hommage au glorieux concitoyen [Daguerre] dont ils s’honoraient et a ajouté qu’ils étaient fiers de posséder le monument élevé à sa glorieuse mémoire. Puis M. le délégué du gouvernement a pris la parole en ces termes: Messieurs, Je me trouvais lundi à l’Institut, et j’avais l’honneur de causer avec M. Dumas, l’éminent secré- taire perpétuel de l’Académie des Sciences. Je lui exprimais le désir de connaître quelque trait inédit de la vie de Daguerre qui pût me servir à l’occasion de la solennité qui nous rassemble. Tenez, me dit-il, avec cette simplicité charmante que l’on sait, voici une anecdote que vous pou- vez raconter, puisque Mme Daguerre est morte. C’était en 1827, j’étais jeune alors, j’avais vingt- sept ans, on vint me dire dans mon laboratoire qu’une personne avait à me parler. C’était Mme Daguerre. Elle venait me consulter au sujet de recherches auxquelles se livrait son mari, elle crai- gnait un insuccès; elle ne me cacha pas ses inquiétudes sur l’avenir, me demanda si l’on pouvait concevoir quelque espoir de voir se réaliser le rêve de son mari, et, timidement, s’il n’y aurait pas lieu de le faire interdire. Je lui répondis que, loin de là, les recherches de Daguerre me semblaient devoir aboutir, que le but qu’il poursuivait pouvait être atteint. Peu de temps après, j’eus la satis- faction de voir que je ne m’étais pas trompé: Daguerre trouvait la solution du problème qu’il cherchait, solution qui l’a rendu célèbre [...] Pièce n° 9 Interprétation du général Dumas 2 : [...] Un matin de 1833, J.B. Dumas travaillait dans son laboratoire de la Faculté des Sciences à la Sorbonne, quand une dame insista pour être reçue. Elle venait lui demander de faire entendre raison à son mari, un inventeur; celui-ci s’obstinait à poursuivre, sans aucun succès, des expé- riences très coûteuses, qui ruinaient sa famille; il fallait que M. Dumas usât de sa haute autorité scientifique pour lui monter qu’elles ne pouvaient aboutir. La plupart des meubles de la maison avaient été vendus déjà pour subvenir aux frais de ses essais. C’était la misère pour la femme et pour les enfants; aucune considération, aucun sentiment n’avaient prise sur l’inventeur pour l’arrêter dans sa course chimérique. « Envoyez-moi votre mari demain, je ferai de mon mieux », lui dit enfin, en terminant l’entretien, Dumas ému par ce tableau trop fréquent. Il s’agissait de Daguerre, le peintre de décors et de dioramas, qui avait cependant édifié déjà une petite fortune, alors qu’il ne s’occupait que de son art. Devenu le collaborateur de Niepce de Saint-Victor, tous deux s’efforçaient de mettre au point leur invention de la photographie; mais les résultats de leurs recherches étaient encore informes et on les tenait pour des visionnaires. Daguerre arriva donc le lendemain chez Dumas, qui pouvait s’attendre à avoir affaire à un utopiste. Mais dès que Daguerre eût exposé ses travaux, ses recherches, ses premiers résultats, Dumas pressentit le suc- cès de ces persévérants et intelligents essais. Il l’encouragea donc à les continuer, en le guidant pour les améliorer et quand Madame Daguerre vint pour connaître les suites de l’entretien, il lui montra que son mari était à la veille de faire une découverte géniale; loin de le détourner de ses 1. Publ. in M. G.P. cit. (p. 126 n. 2). 2. Publ. in DUM.

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