Niépce correspondance et papiers

1416 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice s’épuiser, et que les tableaux démontés et roulés sont d’une vente et d’un placement difficiles et désavantageux. Or, en fait, la Vallée de Goldau était, au moment de l’incendie, exposée depuis trois ans et demi, et le Sermon depuis onze mois. En somme, 47,700 francs ont été alloués à M. Daguerre, savoir : 20,000 francs pour le Sermon ; 15,000 francs pour le Temple ; 12,000 francs pour la Vallée . La compagnie a interjeté appel principal, offrant 30,000 francs seulement; M. Daguerre, appel incident, demandant 60,000 francs. M e Paillet s’est attaché d’abord à justifier la Salamandre , sa cliente, du reproche d’esprit processif: il a mis au défi M. Daguerre de justifier qu’elle eût soutenu des procès injustes, et prouvé même qu’en un cas où elle avait gagné sa cause, elle était venue au secours de l’incendié, ce dont témoi- gnent deux lettres insérées dans les journaux par les perdans eux-mêmes à l’éloge de la compagnie. Sur le fond, l’avocat a dit en résumé: “La police n’a pas eu pour effet de fixer l’évaluation réelle: comment cela eût-il pu être, alors que les tableaux assurés devaient être ceux qui se trouveraient au moment de l’incendie; c’est à dire à un moment indéterminé, et lorsqu’ils n’étaient pas, d’après la vraisemblance, éclos encore du pinceau de M. Daguerre. Au surplus, lui-même l’a ainsi reconnu lorsqu’il a consenti une expertise pour l’évaluation. Là, il faut le dire sans aucune sus- picion contre les honorables experts, il a bien pu se faire que ces derniers se soient, à leur insu, laissé aller à beaucoup de bienveillance pour un artiste, leur confrère, qui, précisément à cette époque, venait d’attirer l’admiration générale par la découverte à laquelle il a donné son nom. Mais, sans insister sur ce point, ont-ils pris en considération tous les élémens atténuatifs que pouvait présenter la Salamandre ? nous répondons négativement. “En effet, les tableaux dont il s’agit ne sont pas de la nature de ceux qui peuvent plaire aux amis de la peinture; il n’est qu’un temps pour eux, et hors de leur destination spéciale, leur valeur est pour ainsi dire nulle. Il a été constaté que M. Daguerre lui-même sentait la nécessité de renou- veler au moins tous les trois ans les toiles destinés au Diorama, tel était le terme de la longévité des tableaux et de la curiosité publique la plus intense. Or, trois ans, cinq mois, dix jours, avaient, au moment de l’incendie, passé sur la vallée de Goldau ; deux ans, cinq mois, vingt-deux jours sur le Temple de Salomon ; onze mois, quatorze jours sur le Sermon . C’en était déjà fait de tous, lorsque l’incendie s’est manifesté; ils étaient déjà appelés à être démontés, roulés sur le cylindre et mis en magasin, c’est-à-dire privés de toute valeur, conjointement avec dix autres tableaux, pour lesquels M. Daguerre n’avait pu trouver d’acheteurs. “M. Daguerre rappelle, comme moyen de fixation de l’indemnité, ses marchés avec les entrepre- neurs du Diorama anglais, mais, d’une part, si dans la nouveauté ces entrepreneurs comptant sur de grands bénéfices par l’importation du Diorama, ont consenti des pris exorbitans, M. Daguerre a été plus tard obligé de se réduire avec eux à la moitié de ces prix; et puis ces entrepreneurs étant peu solvables, il leur coûtait moins de stipuler des conditions onéreuses, qui aujourd’hui ne peuvent faire foi contre la Salamandre . “Mais il y a mieux ; et certains documens que n’ont pas connus les experts les auraient mer- veilleusement aidés à déterminer une juste indemnité : ces documens sont empruntés à M. Daguerre lui-même. Ainsi, en 1832, à une époque où la faillite du Diorama venait d’être déclarée, M. Daguerre, gérant de l’établissement, déclarait que la valeur de chacun des tableaux, démontés et roulés, était de 7,000 fr. Il donnait la même valeur de 7.000 fr. par chaque tableau à trois tableaux alors exposés. Tel était le langage du bilan, celui de l’inventaire. A la vérité on a dit que tous ces tableaux étaient à effet simple , mais en supposant qu’en raison de l’ effet double on double aussi le prix, nous n’en serions encore qu’à 14,000 fr. Remarquons même que sui- vant la définition qu’a donnée M. Daguerre lui-même de la manière de produire l’effet double,

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