Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1441 App. XXII nous avons un bail il faut bien le garder [...] 1 les vetir en bourgeois, les héberger et enfin tout ça ne finit pas. J’ai en vain demandé aux têtes couronnées, elles font nenni! c’est a dire non. Mon mari a fait ce qu’il a pû en travail mécanique mais il n’a pas réussit. Il est né le 4 avril ! C’est un mois de décéptions ! et je suis bien portée à le croire. Il maigrit affreusement ! Le cha- grin le mine mais il ne demandra jamais rien de sa vie ! Il est trop timide pour cela. Je vous prie donc mon cher Monsieur, de faire un acte de dévouement en notre faveur. Le ciel vous en bénira et je vous dirai bien des chapelets ! Tous nos bons curés je dis nos bons car ils ne le sont pas tous, m’exhortent à la patience, un d’entr eux m’a donné un chapelet qu’il a apporté de Jerusalem mais le Bon Dieu nous a dit aidez vous les uns les les [sic] autres, ainsi écoutez cet ordre mon bon Monsieur et aidez nous ! Je mets cette lettre sous la sauvegarde de la Vierge dont on fait toujours une des fêtes. Marie protège la France ! ... Elle protège aussi votre œuvre !!! Allez samedi prochain par toutes vos maisons amies, amies des arts. Faut-il que le fils d’un homme si grand dans les arts n’ait pas de chance dans le reste de ses jours ? Quelques mille francs le remettraient à flot, et pas un ami ne les lui offre c’est avoir trop de guignon, convenez en ! Je dirai donc samedi mon chapelet de Jerusalem pour vous ! pendant que vous prierez pour nous ! Je vous dédie toute ma plus grande reconnaissance, vous priant ainsi que Mme Richebourgt d’agréer mes bien empressées salutations. Eugénie Niépce née Champmartin Pièce n° 17 2 La ville de Chalon a voté une somme de 6.000 francs pour, avec le concours d’une souscrip- tion universelle, ériger un monument à la mémoire de mon beau-père, inventeur de la photo- graphie, pour lequel j’ai perdu toute ma fortune de fille unique. Mon père a vendu sa propriété près d’Autun (Rivaux) au comte de Parny, 150.000 francs (il ne devait rien à personne). Il m’avait promis de me rendre toute ma dot de 80.000 francs sitôt après la vente de sa décou- verte. Sa mort subite a tout anéanti. J’avais signé, pour l’obliger, des emprunts forcés, pour payer les dettes d’un ingrat parent 3 . On a fait vendre tous les biens à perte, et aujourd’hui il ne m’en reste qu’une modique pension ; je n’ai pas de quoi tenir une bonne véritablement bonne. Elles sont toutes fort chères, et mes nombreuses infirmités exigeraient des soins per- sistants. Je n’ai qu’une femme de ménage. Ne serait-il pas plus convenable de me donner les six mille francs ? que je pourrais léguer à mon pauvre fils aîné, qui est infirme et qui depuis deux mois est malade... Cette bonne action de la ville de Chalon sera une réparation à l’indifférence qu’elle a apporté à honorer une mémoire qui l’est de tout l’univers. 4 1. Manque une ligne sur la photocopie en notre possession. 2. Publ. in L.G.20. Veuve depuis cinq ans, Eugénie adressa cette lettre à la ville de Chalon le 18 avril 1873. 3. V. 529. 4. C’était finir fort maladroitement. « Cette lettre fut lue au Conseil municipal par M. Courault, maire, le 13 mai. Le Conseil passa à l’ordre du jour » (note de Gallas).

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