Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1453 App. XXIV App. XXIV « LA TABLE SERVIE » Cet incunable photographique dont l’original a disparu, est resté l’une des grandes énigmes de l’histoire de la photographie jusqu’aux travaux que nous avons publiés en 1999 1 . Pendant plus de cent ans, sa nature (procédé et méthode employés), sa date, l’iden- tité même de son auteur, remise en cause en dépit de l’attestation d’Eugène Niépce 2 , ont donné lieu à toutes sortes de spéculations. En 1925, l’historien G. Potonniée s’étonnait : « Niépce n’a parlé, dans ses lettres, que de photographies de points de vue, jamais de natures mortes 3 ». En 1956, H. Gernsheim (1913-1995), doutant que Nicéphore en fût l’auteur, l’attribuait plutôt à Daguerre qui jus- tement prenait des natures mortes pour thèmes de ses premiers daguerréotypes ; il émet- tait alors l’hypothèse d’une image au résidu d’essence de lavande 4 . En 1972, devenu plus circonspect 5 , il hésitait entre Daguerre 6 et Niepce de Saint-Victor 7 ; en 1977, il en était revenu à Daguerre et à une héliographie au bitume 8 . En 1983, P. Jay, conservateur du Musée Nicéphore Niépce, écrivait : « son attribution à N. Niépce a été cependant contes- tée 9 ». En 1984, le collectionneur B. Lefebvre signalait que Sylvain Charles, photographe du Musée Niépce, doutait d’une image au bitume de Judée 10 . Lefebvre quant à lui préten- dait avoir démontré qu’elle avait bien été réalisée au bitume de Judée mais par Niepce de Saint-Victor 11 . Nous avons prouvé que cette image est bien de Nicéphore Niépce. De nouveaux élé- ments permettent désormais d’élargir nos conclusions. A. UNE TENEBREUSE AFFAIRE C’est le 22 novembre 1891, lors de l’inauguration d’une série de conférences sur la photographie au Conservatoire des Arts et Métiers lancées par le colonel Laussedat 12 , que Davanne 13 révéla l’existence de cette fameuse photographie 14 . Dans le texte de sa confé- rence 15 , on lit : 1. J.L.M. p. 478. 2. Le cadet des deux petits-fils de l’inventeur (v. 536), décédé à La Ferté-Bernard le 29 janvier 1894. 3. G.P. p. 161. 4. H.&A.G. p. 68. Ce n’est que depuis nos travaux de 1992 que l’on sait que le procédé au résidu d’essence de lavande prit le nom de physautotype. 5. H.GE . p. 38. 6. Lequel aurait réalisé l’image soit par l’un de ses procédés, soit par l’un de ceux de Niépce. 7. En 1853, celui-ci avait repris le procédé au bitume pour mettre au point une technique de photogravure. 8. H.GE.2 p. 3. 9. P.J.4 p. 138. 10. Ceci au vu des ombres, incompatibles avec un temps de pose extrêmement long. A cette époque on croyait que le temps de pose n’était que de huit heures. 11. B.LE. p. 39. Prétendue démonstration qui n’est qu’une hypothèse sans fondement. 12. Aimé Laussedat (1819-1910), directeur du Conservatoire des Arts et Métiers. 13. Alphonse Davanne (1824-1912), alors vice-président (président du Conseil d’administration) de la Société Française de Photographie. 14. Peut-être Davanne la connaissait-il depuis fort longtemps. Nous disons peut-être, parce que nous igno- rons quelle était exactement la nature de ses relations avec les Niépce. Rappelons qu’en 1875 sa photo- graphie trônait sur la cheminée d’Eugénie, la veuve d’Isidore (v. App. XXII pièce 18). 15. Publ. in A.C.A.M. 2 e s., t. 4 (1892), fasc. 1, p. 32. Pour une raison que nous ne nous expliquons pas, cette réfé- rence est inédite.

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