Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1455 App. XXIV dans l’histoire de la photographie était d’avance promise à la plus formidable des publici- tés, tout au moins que Davanne abonda dans ce sens. On ne saurait donc trop insister sur le laconisme avec lequel il présenta ce qui n’était alors rien moins que la plus ancienne photographie du monde : quatre lignes seulement, sans aucun détail, pas même sur ses dimensions ou la nature de son support. Tout au plus fit-il vaguement allusion à ce qu’il croyait être le procédé utilisé, puisqu’en présentant ensuite la plaque gravée représentant le cardinal d’Amboise, il déclara : A cette même date, Niepce employait aussi le bitume de Judée pour produire des planches gra- vées à l’aide de la lumière [...] 1 . Pour quelles raisons se montra-t-il aussi avare de détails ? Nous tenterons de l’expliquer. Pour illustrer le texte imprimé de sa conférence, Davanne eut besoin d’une reproduc- tion de la table servie. Pour cela, un cliché, c’est-à-dire une photographie, fut réalisé puis transmis à un photograveur qui, selon un procédé dérivé de celui inventé par Niépce, fabri- qua une plaque métallique gravée permettant d’imprimer l’image. Le 16 décembre 1891, Laussedat écrivit à Davanne : Monsieur le Président. Nous venons de recevoir les clichés photographiques que vous et Monsieur de La Valette 2 avez pris la peine d’exécuter en vue de la préparation de trois d’entre les figures à insérer dans le texte de votre très intéressante conférence du 22 novembre der- nier. Je vous en remercie vivement et m’empresse d’ajouter que les uns et les autres seront remis demain avec les plus grandes recommandations aux excellents éditeurs des Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, M.M. Gauthier-Villars et fils. Agréez... 3 . Par déduction, on peut affirmer que parmi ces trois clichés se trouvait celui de la table servie. Voici en effet comment sont libellées les légendes des cinq images qui illustrent la conférence de Davanne : Fig. 1 [laquelle représente la table servie ]. Epreuve obtenue à la chambre noire par Nicéphore Niépce (1823 ou 1825). Reproduction en similigravure par M. Ch.-G. Petit. — Fig. 2. Reproduction par Nicéphore Niepce d’une gravure du portrait du cardinal d’Amboise. Procédé au bitume de Judée (1824). Photogravure de M. A. Fernique, d’après une épreuve de la plaque originale de Niepce — Fig. 3. Epreuve sur plaqué d’argent obtenue par Daguerre 4 . Reproduction directe par la similigravure de M. Ch.-G. Petit. — Fig. 4. Photogravure en relief, par Poitevin. — Fig. 5. Photographie d’une région lunaire (environs d’Archimède), par M. Henry. Héliogravure Dujardin sans retouche. Les deux dernières n’ayant pas nécessité de cliché 5 , les trois clichés réalisés par Davanne et La Valette étaient donc ceux des deux épreuves de Niépce et celui du daguer- réotype de Daguerre. 1. A.C.A.M. 2 e s., t. 4 (1892), p. 35. 2. Le comte Henri de La Valette, né à Paris le 25 avril 1862. Entré à l’Ecole des Mines en 1885. Après un stage dans les charbonnages du Nord, il devint sous-inspecteur à la compagnie de chemin de fer de l’Ouest, jus- qu’en 1891. Attiré par l’électricité, il organisa à la demande du colonel Laussedat, directeur du Conservatoire, et de Marcel Deprez, membre de l’Institut, le laboratoire d’électricité industrielle dont il prit la direction en 1891 (C.E.C.). 3. Lettre inédite (A.C.N.A.M. 5 AA/19). 4. Il s’agit du daguerréotype représentant le Pavillon de Flore, appelé tantôt Daguerréotype des Tuileries, tantôt Le Louvre. 5. V. paragr. C, § 2.

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