Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1457 App. XXIV Le 27 avril 1892, s’ouvrit à Paris, Champ-de-Mars, la première Exposition internatio- nale de Photographie et des Industries qui s’y rattachent, sous le haut patronage, notam- ment, de la Société Française de Photographie 1 qui, si incroyable que cela paraisse, n’y pré- senta pas l’incunable. D’ailleurs Niépce n’y eut même pas sa place. Voici comment E. Beleurgey de Raymond, le rédacteur en chef des Annales photographiques qui, de juin à novembre 1892, couvrit personnellement l’événement, rendit compte de sa première visite : Le groupe I [Histoire de la photographie], si nous en jugions par les apparences, serait certai- nement ce qu’il y a de moins important à voir dans tout le palais des Beaux-Arts puisqu’il est entièrement contenu dans une vitrine mesurant à peine 3 mètres sur 2. Mais que de trésors dans cette vitrine et comme il est difficile de s’en détacher une fois qu’on s’en est approché, car cette vitrine si simple d’aspect contient de véritables trésors, nous le répétons, du moins pour nos yeux de photographes. Quand il s’agit des premiers travaux de Daguerre, de ses appa- reils, des objectifs construits d’après ses données par Chevallier [sic], est-ce trop dire que de parler de trésors ? Nous ne le pensons pas et bien que nous ayons à regretter l’absence dans ce musée de nos jeunes ancêtres — des ancêtres de cinquante années ne sauraient passer pour de bien vieux ancêtres — des premières planches héliotypiques de Niepce, une fois ce regret exprimé, nous nous empressons de convenir que cette vitrine historique contient bien tout ce qu’il faut pour nous ravir 2 . Ainsi, cinq mois seulement après s’être fait offrir l’irremplaçable image de la table ser- vie, la Société Française se dispensa-t-elle de la présenter à la première Exposition inter- nationale de Photographie ! C’était tout à la fois commettre une faute historique, désavouer Davanne, tenir pour nulle la déclaration d’Eugène Niépce ; mais apparemment personne ne crut devoir s’en plaindre 3 . 1. Plus précisément, cette exposition se tint « sous les auspices de la chambre syndicale des fabricants et négociants de produits et appareils photographiques, avec le concours du Photo-Club de Paris, sous le haut patronage de M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, de M. le Ministre du Commerce, de l’Industrie et des Colonies, de M. le Ministre des Travaux publics et de la Société française de Photographie » (B.S.F.P. 1892, p. 34). 2. A.PH . 1892, n° 40 (juin), pp. 77-79 : premier compte rendu de l’Exposition. On y apprend plus loin que ladite vitrine renfermait des objets tels que la chambre claire, le télémétrographe et l’héliographe de Laussedat, « le savant directeur du Conservatoire des Arts et Métiers », ou encore « le matériel daguerréotypique com- plet qui servit autrefois à M. Davanne, le sympathique président de la Société Française de Photographie » ! Avant la découverte de ce témoignage, et malgré quelques indices convergents, comme l’absence du nom de Niépce dans la liste des personnalités du groupe I (histoire de la photographie) citées au catalogue offi- ciel de l’exposition (Hugo Bénédix éditeur), il était strictement impossible de conclure formellement. Nous en voulons pour preuve le rapport suivant, ambigu et finalement inutilisable : « C’est avec eux [Niépce et Daguerre] que commence la représentation de l’évolution de la Photographie à l’Exposition du Champ-de- Mars.Ce groupe I,presque entièrement contenu dans une vitrine d’environ 4 mètres sur 3,renferme de véri- tables trésors : Ce sont les appareils ayant appartenu à Daguerre et Niepce et une partie de leurs œuvres, obligeamment prêtées par le Conservatoire des Arts et Métiers, par Armand Billon-Daguerre, neveu du grand inventeur, par la Société française de Photographie, etc. [...] » (N.&R. p. 9). 3. A commencer par Davanne; détail qui n’est pas négligeable. Quant à E. Beleurgey de Raymond, qui trouvera Niépce représenté dans la « collection rétrospective des procédés d’impression photographique » de la Société Française de Photographie (1° par sa planche héliographique de la Sainte Famille, 2° par un tirage du cardinal d’Amboise), il s’empressera de faire amende honorable en ces termes: « Nous avions exprimé le regret de ne pas avoir vu figurer de planches héliographiques de Nicéphore Niepce,dans la vitrine historique de la photographie. Cette lacune, la section scientifique [second groupe de l’Exposition] la comble immé- diatement [...] » (A.PH. 1892, n° 41, pp. 93-95: second compte rendu de l’Exposition). Beleurgey de Raymond aura encore le plaisir de trouver Nicéphore dans la « section des amateurs ». Là, en face du stand du minis- tère des Travaux publics, était exposée, « le long d’un portant, la collection historique du Photo-Club où nous

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