Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1461 App. XXIV Bien que Schade n’ait pas cité ses sources, son récit n’a jamais fait l’objet de contes- tations, et son « Musée Technologique de Paris » a été assimilé au Conservatoire des Arts et Métiers où un fonctionnaire du nom de Peignot avait été employé jusqu’en 1914. Pourtant notre enquête dans les archives du Conservatoire n’a abouti à aucune trace d’entrée de la table servie dans l’un de ses laboratoires. Quant à Peignot, non pas professeur mais prépa- rateur, au demeurant amateur de photographie 1 , nous n’avons trouvé dans son dossier aucune trace de l’affaire en question 2 . En 1968, optant pour une version qui présente l’avantage de décharger la France de la responsabilité de cette disparition, Emmanuel Sougez écrivit : Niépce a pu obtenir […] sur verre, une nature morte, composée « à la Chardin », que l’on consi- dère comme la plus ancienne photographie connue. Propriété de la Société française de pho- tographie à qui l’avait offerte en 1890, le petit fils de l’inventeur 3 , et prêtée pour une exposi- tion à l’étranger, elle disparut… Il en reste une similigravure prise directement sur l’original en 1891 […] 4 . Le 17 avril 1972, dans une communication à l’Académie des Sciences, J.-J. Trillat, pré- sident d’honneur de la Société Française de Photographie, déclara : […] celle-ci [la table servie] a été conservée pendant 70 ans 5 [...] sa disparition n’est due qu’à des causes étrangères à la photographie […] 6 . Le 1 er juin suivant, dans son rapport moral, J. Prissette, secrétaire général de la Société, compléta les propos de Trillat par ceux de Souchez : Cette première véritable photographie a disparu mais sa disparition n’était due, comme l’a dit notre président M. Trillat, qu’« à des causes étrangères à la photographie », en réalité, je crois, un voyage sans retour pour une exposition à l’étranger […]. A supposer cette version des faits exacte, la légèreté de la Société Française de Photographie, impuissante à identifier l’exposition qui reçut pareil trésor, serait déplorable. Sachant que l’une de ses activités les plus importantes consistait justement en prêts d’images et d’objets destinés à enrichir les expositions photographiques du monde entier, il est difficile de croire que celui de la table servie n’ait pas été dûment consigné. Enfin, à la même époque, on reparla d’accident, mettant en cause un membre du Conseil d’administration de la Société Française de Photographie. Jamais citée ni prise en compte, cette accusation n’a pourtant pu passer inaperçue puisqu’elle fut portée et publiée par un membre de ce même Conseil d’administration 7 . On gardera donc présente à l’esprit 1. En tant que tel il exécuta de nombreuses reproductions photographiques. C’est pourquoi lorsqu’on cherche à son nom dans le catalogue des objets conservés au Conservatoire, on ne trouve qu’une liste de docu- ments de ce type. 2. V. paragr. C, § 3. 3. Cette confusion entre Eugène Niépce et Davanne a été fréquemment reproduite, par Vivié par exemple (v. infra). 4. E.S. 5. A partir de quelle date ces soixante dix années étaient-elles comptées : 1822, 1823, ou bien 1825 ? Faut-il prendre cette information à la lettre et en déduire que la plaque fut détruite entre 1892 et 1895 ? 6. C.R.A.S. t. 274, 17 avril 1972. 7. Il serait intéressant de recenser la liste de tous les membres du Conseil d’administration entre 1891 et 1909.

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